Avec la reprise du procès de l’ancien ministre du Budget, de nouvelles têtes sont tombées. D’après Jérôme Cahuzac, son compte aurait servi aux finances des activités politiques de Michel Rocard.
Le procès de Jérôme Cahuzac pour fraude fiscale a repris sans fautes le lundi 5 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Les aveux inédits sont de nouveau tombés, l’ancien ministre du Budget affirme à la barre que le premier compte qu’il avait fait ouvrir par un intermédiaire en Suisse en novembre 1992 était destiné "au financement d’activités politiques" de l’ancien Premier ministre Michel Rocard, décédé le 2 juillet 2016, à 85 ans. "J’ai demandé à Philippe Péninque d’ouvrir un compte en Suisse en 1992. Ce compte, c’est du financement d’activités politiques pour un homme dont j’espérais qu’il aurait un destin politique national", avoue l’ancien élu socialiste, à la surprise générale.
Jérôme Cahuzac prend toutefois soin de préciser que Michel Rocard n’était pas au courant de ce compte caché. "Je suis persuadé que Michel Rocard ignorait tout de cela. Il ne s’occupait pas de ça", a-t-il ajouté, tout en refusant de mentionner les noms des proches de l’ancien Premier ministre qui auraient été en relation avec lui, à l’exception du laboratoire Pfizer. D’après M.Cahuzac, accusé de fraude fiscale, l’argent devait servir au financement de la campagne de Michel Rocard en 1995, si jamais il se présentait à la présidentielle. "Il m’est dit que la seule façon d’aider ne peut être que de façon occulte et parallèle. Il m’est dit : pourquoi pas, mais pas en France. J’avais compris. Je vais voir certains responsables de laboratoire", relate l’ancien ministre du Budget.
Ce serait d’ailleurs avec cette idée de financement politique que les deux versements des laboratoires Pfizer avaient été effectués en 1993 sur ce compte caché en Suisse."L’argent ne pouvait pas venir des comptes officiels du laboratoire", a précisé Jérôme Cahuzac, comme rapporté par le Monde. Passé l’instant de stupeur, les doutes affluent auprès des juges. En effet, Jérôme Cahuzac avoue déjà avoir menti par le passé lors de ses procès. "Est-ce que depuis le début de l’audience, vous nous avez dit que la vérité ?", demande le vice-procureur, Jean-Marc Toublanc, en relevant qu’il a menti aux juges d’instruction. "Oui", assure Jérôme Cahuzac.
Pour rappel, ce dernier est jugé pour fraude fiscale et blanchiment après avoir caché des avoirs financiers sur un compte bancaire en Suisse en 1992. Les sommes ont ensuite été transférées à Singapour en 2009, par le biais des sociétés-écrans au Panama et aux Seychelles.
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