Le parquet de Paris a demandé le renvoi en procès pour harcèlement moral de France Télécom et de son ex-patron Didier Lombard, soupçonnés d’avoir mis en place une politique de déstabilisation des salariés.
La série de suicides qui eut lieu à France Télécom est devenue emblématique de la souffrance au travail, commente L’Express. Après sept ans d’enquête, le parquet de Paris a demandé le renvoi en procès pour harcèlement moral de l’entreprise et de son ex-patron Didier Lombard, soupçonnés d’avoir mis en place une politique de déstabilisation des salariés. La balle est désormais dans le camp du juge d’instruction qui pourra décider de suivre ou non ces réquisitions en ordonnant un procès ou en prononçant un non-lieu.
Dans ses réquisitions datées du 22 juin 2016, le parquet de Paris a également demandé un procès pour harcèlement moral de deux autres dirigeants de France Télécom, Louis-Pierre Wenes, ex-numéro 2 et Olivier Barberot, ex-responsable des ressources humaines, ainsi que de quatre cadres pour complicité. Un procès amènerait la justice à trancher la première affaire de harcèlement à grande échelle dans une entreprise de cette taille.
Dans ses réquisitions, le parquet de Paris reproche à France Télécom d’avoir mis en place dès 2007 par des "agissements répétés" une politique d’entreprise qui a eu pour effet de "déstabiliser" les employés et de "créer un climat professionnel anxiogène", selon une source proche de l’enquête.
Trente-neuf victimes sont notamment citées : dix-neuf se sont suicidés, douze ont tenté de le faire, et huit ont subi un épisode de dépression ou ont été en arrêt de travail. Selon les syndicats et la direction, 35 salariés s’étaient donné la mort en 2008 et 2009. Les plaignants, dont la fédération Sud-PTT, y voient la conséquence d’un "système" pour pousser les salariés au départ dans un contexte d’ouverture à la concurrence, après que l’État est devenu actionnaire minoritaire en 2004.