Anaïs Bourdet et Manon Bodin, deux membres du collectif Féministes par Inadvertance, exposent ce qui, selon elles, relève de la drague et du harcèlement.
La semaine dernière, le député EELV Denis Baupin niait en bloc les accusations de harcèlement et agressions sexuelles portées contre lui par des femmes qui se disent victimes en invoquant des situations de "libertinage incompris", rappelle L’Express. C’est l’occasion pour Anaïs Bourdet et Manon Bodin, deux membres du collectif Féministes par Inadvertance, de faire la distinction entre ce qui relève de la drague de ce qui révèle du harcèlement. En tout, 13 femmes accusent l’élu.
Selon les deux femmes, si les affaires de harcèlement sexuel font la Une des médias français ces derniers, temps, c’est parce que les victimes osent les dénoncer, et ce grâce au militantisme des féministes. "Nous, femmes victimes de comportements sexistes, cessons peu à peu de les considérer comme une fatalité, et dénonçons de plus en plus fort le rapport de domination qui nous est imposé. Certains hommes commencent eux aussi à prendre l’ampleur du problème, mais, hélas, pas tous les hommes... ", affirment-elles.
Selon Denis Baupin, ce dont on l’accuse ne révèle pas du harcèlement sexuel, mais de la drague. Mais pour Anaïs Bourdet et Manon Bodin, la drague réside dans le consentement et se pratique à deux. En effet, pour beaucoup de femmes, les interpellations, regards insistants, sifflements et gestes déplacés sont trop fréquents. De tels agissements sont assimilés à du harcèlement sexuel.
L’absence de réponse signifie un "non"
Trois critères caractérisent principalement le harcèlement sexuel. D’abord, la teneur des propos : interpeller une femme, même une seule fois, avec des propos sexistes, humiliants, insultants, menaçants ou à caractère sexuel constitue déjà une forme de harcèlement. Ensuite, aborder une femme sans tenir compte de ses réactions : si elle refuse le dialogue, qu’elle n’y consent pas, insister relève du harcèlement. Enfin, suivre une personne ou lui imposer sa présence, voire un rapprochement : en l’absence de réponse ou face à un refus, c’est que la personne ne souhaite pas échanger. L’absence de réponse est aussi un "non", selon Anaïs Bourdet et Manon Bodin.