À l’issue d’un débat intense, les députés ont voté jeudi 17 mars l’interdiction, à compter du 1er septembre 2018, des insecticides néonicotinoïdes jugés nuisibles pour les abeilles.
Il a fallu plus de deux heures de discussion avant que les députés n’adoptent finalement ce projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.
Repoussé au 1er septembre 2018
Les députés ont adopté, par 30 voix contre 28, l’interdiction sans dérogation, des insecticides néonicotinoïdes, jugés nocifs notamment pour les abeilles. Le texte condamne l’utilisation de ces molécules à partir du 1er septembre 2018 sur l’ensemble des cultures, incluant les semences traitées avec ces produits. Il est également prévu qu’un arrêté ministériel fixe, après avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), des "solutions de substitution" à ces substances. Selon son auteur, Jean-Paul Chanteguet (PS), président de la commission du Développement durable, l’objectif est "d’adresser un signal fort aux groupes chimiques, aux agriculteurs, et à l’exécutif".
À la recherche de solutions responsables
La liste des alternatives aux néonicotinoïdes sera fixée sur la base d’un avis de l’Anses. Le législateur est appelé à prendre ses responsabilités par l’interdiction de l’utilisation de ces molécules, et dans la foulée, permettre à la profession agricole de s’adapter, défend toujours l’auteur de la mesure. De son côté, la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, l’écologiste Barbara Pompili, a défendu jeudi dans l’hémicycle pour "des solutions responsables, qui puissent s’appliquer" face au danger imminent causé par ces produits pour les abeilles, pour notre santé, pour notre environnement. "2018 fait un peu moins couteau sous la gorge que 2017 et permet d’avancer", a-t-elle ajouté, témoignant également son intérêt pour des dérogations dans certains cas.
L’opposition défend les agriculteurs
Les députés Les Républicains et UDI ont dénoncé une mesure qui va encore "pénaliser" des agriculteurs français, rapporte RTL. En effet, les défenseurs de l’interdiction ont déclaré que les agriculteurs eux-mêmes faisaient "les frais" de ces produits. Contre toute attente, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait adressé vendredi une lettre aux députés pour les demander de ne pas faire de telles "interdictions brutales" au seul niveau français. Et ce, afin qu’il n’y ait pas de "distorsions" de concurrence avec les autres agriculteurs européens. Toujours est-il qu’un arrêté apportera des réponses concrètes aux exploitants agricoles, contraints de subir la brusque apparition d’un ravageur, qui pourrait compromettre leurs récoltes.
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