La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a publié ce jeudi son rapport sur l’exploitation des êtres humains en France. Le bilan des états des lieus est sans appel : le gouvernement ne consacre pas assez de moyens pour lutter contre ce phénomène.
Quelles sont les mesures de la France pour faire face contre la traite et l’exploitation des êtres humains ? La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) c’est penchée sur la question. Esclavage, trafic d’organes, prostitution, mendicité et travail forcés, sont le quotidien de nombreuses personnes en France selon le rapport de l’instance publié ce jeudi 10 mars.
"La traite des êtres humains en France est une réalité méconnue", constate la Commission. Entre janvier 2014 et mai 2015, près d’une centaine d’infractions pour "traite des êtres humains" ont été relevées en France et près de 600 l’ont été pour proxénétisme, selon des données du ministère de l’Intérieur. Pour la CNCDH, ces statistiques ne représentent qu’une infime partie des cas réels car "les victimes potentielles de traite ne s’auto-identifient pas en tant que telles et ne dénoncent que très rarement les faits".
"Si l’exploitation sexuelle est une forme importante d’exploitation, elle ne recouvre pas l’ensemble des phénomènes", insiste l’institution, composée de 64 représentants syndicaux, associatifs ou personnalités qualifiées. "Loin des idées reçues, l’esclavage moderne existe dans notre pays, de même que le travail forcé de personnes vulnérables, et que nombre d’enfants et d’adolescents sont contraints à mendier ou à voler", précise le document.
Ce qui est aberrant, note la Commission, c’est l’absence en France "d’une politique publique à part entière de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains". La Commission nationale consultative sur les droits de l’homme recommande au gouvernement d’organiser des campagnes d’information, en y associant la société civile, afin de sensibiliser le grand public aux différents types de traite et de victimes. La commission prévoit de remettre ses travaux aux ministres de la Justice, de l’Intérieur, de la Santé, de l’Éducation nationale et au Quai d’Orsay dans une dizaine de jours.
Voir notre dossier sur l’esclavage moderne