Le Planning familial fête ses soixante années d’existence et de combats. Veronica Noseda, porte-parole de l’organisation, donne une interview exclusive au Figaro pour l’occasion.
Le Planning familial était d’abord connu sous le nom d’association La Maternité heureuse, puis le Mouvement français pour le planning familial, rappelle Le Figaro à qui Veronica Noseda, sa porte-parole, a donné une interview exclusive aujourd’hui. A propos du changement de nom de l’organisation, elle revient dans le contexte de 1959 où les médecins et les gynécologues étaient dans une démarche médicale. Il s’agissait pour ces professionnels de santé d’assurer la santé des femmes et de contrôler les naissances, mais aussi pour rassurer les conservateurs les plus méfiants.
En 1959, l’avortement était interdit, et le fait de tomber enceinte était la hantise des Françaises. Maternité heureuse voulait sortir de cette peur une génération de femmes qui n’avaient pas le choix d’avoir des enfants. "Depuis, c’est devenu un mouvement féministe officiel, mais à l’époque cela ne se disait pas", raconte Veronica Noseda.
Pendant ses soixante années d’existence, le Planning familial a connu différentes périodes, selon toujours son porte-parole. La première période était concentrée sur l’accès à la contraception et au droit à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG). Certaines branches du Planning familial pratiquaient des avortements clandestins. Cette première période se termine en 1975 avec l’adoption de la loi Veil sur l’IVG.
Le Planning familial s’est ensuite attelé à la lutte pour l’égalité hommes-femmes à travers la promotion de la santé sexuelle, la lutte contre les violences physiques faites aux femmes, l’éducation à la sexualité mais aussi la question du VIH. Actuellement, l’organisation est dans sa troisième période, l’égalité est désormais abordée sous l’angle de la dénaturalisation des rôles de genre, c’est-à-dire lutter contre les mécanismes et stéréotypes et éveiller le public à la question du sexisme qui pèse sur les femmes mais aussi sur les hommes.
Le Planning familial ne se limite pas à une association de femmes, comme on l’associe souvent. En effet, une de ses principales activités est l’information des jeunes sur la sexualité, y compris les garçons. Le dialogue est mis en avant. Au cours de ses activités, l’association observe que les jeunes hommes subissent aussi le poids des normes, comme l’obligation de performance.
Dans certains territoires, l’accès à l’IVG est toujours compliqué, avance Veronica Noseda. "Mais nous avons la chance qu’en France les choses marchent plutôt bien", se réjouit-elle. Les lois françaises sont progressistes se sont encore améliorées aujourd’hui, comme lors de la suppression du délai de réflexion de sept jours, l’année dernière, rappelle-t-elle.
Mais des courants minoritaires comme la fondation Jérôme Lejeune sont actifs. Selon la porte-parole du Planning familial, des pétitions circulent pour que son organisation se d’intervenir dans les écoles. Certains groupes radicaux anti-IVG, qui sont bien financés, ont perturbé leurs activités dans les centres.
Pour Veronica Noseda, il reste encore de tabous à percer, notamment la sexualité des handicapés et des personnes âgées. Elle dénonce une le jeunisme ambiant. Les personnes âgées ne risquent pas de grossesse non désirée, mais il reste les IST, le VIH. Parmi les derniers chiffres du VIH, les femmes de plus de 50 ans représentent l’une des catégories où il y a une forte augmentation du virus, note le Planning familial.