Parce qu’elles craignent de tomber malades après une prescription du Mediator, 45 personnes réclament chacune 15 000 euros aux laboratoires Servier.
L’affaire Mediator n’en finit pas. Alors que les laboratoires Servier ont provisionné 70 millions d’euros pour indemniser les victimes, des patients qui se sont vus prescrire du Mediator formulent une nouvelle requête.
La crainte d’une maladie mortelle
Quarante-cinq personnes demandent ce mardi devant la chambre des référés du tribunal de Nanterre dans les Hauts-de-Seine, une indemnisation de 15 000 euros aux laboratoires Servier pour leur "préjudice d’anxiété". Ces personnes ne sont pas malades, mais prises d’une forte angoisse en pensant qu’elles pourraient le devenir. " Ils savent qu’ils ont pris un produit nocif qui peut entraîner, à l’avenir, une maladie mortelle", explique à 20 Minutes, un de leurs avocats Charles-Joseph Oudin.
Des personnes âgées et très angoissées
Les plaignants sont souvent des personnes âgées et très angoissées. "Pour certains, nous disposons même de certificats médicaux attestant de l’angoisse qu’ils vivent à cause de cette affaire", a déclaré Martine Verdier, une autre avocate qui défend leur cause. Cette frayeur se définit en justice comme le préjudice d’anxiété ou "une situation d’inquiétude permanente face au risque de déclaration, à tout moment, d’une maladie". Cette situation est actuellement vécue par les 45 patients qui sont contraints de passer régulièrement des examens médicaux pour être certains qu’ils ne souffrent pas de maladie liée au Médiator.
Un risque de condamnation en cascade
Interrogée par 20 Minutes, lundi, Nathalie Carrère, l’avocate des laboratoires Servier, a déclaré qu’en raison de la prescription des faits, la demande de ces patients ne pourrait avoir une réponse favorable. Elle va donc demander à ce que les patients soient déboutés, car le Médiator a été retiré de la vente en 2009. "Compte tenu du délai écoulé, nous pensons que si ces personnes avaient dû développer une maladie, ils l’auraient déjà fait !", précise-t-elle. Mais l’enjeu serait plus énorme si le tribunal de Nanterre approuvait la requête de ces quarante-cinq personnes. Un véritable risque de condamnation en cascade est à craindre, reconnaît l’avocat du laboratoire au cœur du scandale sanitaire.