Illustration/SIPA
Avant Daesh, ils avaient une vie normale comme tant d’autres Français. Un ami de Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan, se rappelle de lui, comme d’un "bosseur" et "littéraire" qui s’est fait endoctriner par l’Etat islamique.
Le littéraire de la troupe
Ali*, 28 ans, est chauffeur de bus et vit paisiblement en France. Au cours d’une formation de chauffeur de bus pour la RATP, l’homme rencontre Samy Amimour, le kamikaze du Bataclan. "On était 15 garçons de Seine-Saint-Denis : des liens se sont très vite créés, une sorte de fraternité ", raconte Ali. Durant les semaines de cours, ils deviennent très vite soudés avec les tests de mise en situation et des exercices en tous genres. "Samy c’était un littéraire, il avait un bac L. Il corrigeait les profs quand ils faisaient des fautes de français ou qu’il y avait des erreurs dans l’énoncé des exercices", se remémorait-il, nostalgique en repensant au passé.
Un "bosseur" qui est monsieur tout le monde
Par son témoignage, Ali a pu donner un profil un peu plus complet du kamikaze du Bataclan. "C’était quelqu’un de timide, très sportif, qui rigolait beaucoup même, si c’était pas le premier à lancer des vannes", décrit le jeune homme, habitant d’une commune voisine de Drancy, en Seine-Saint-Denis, où a grandi le djihadiste de 28 ans. À cette époque, Ali n’avait remarqué aucun signe de radicalisation chez son ami. "Il faisait la prière cinq fois par jour, allait à la mosquée du Blanc-Mesnil, mais il n’en parlait pas plus que ça ; il n’y avait aucune radicalité dans son discours. Son truc, c’était plutôt le sport, on louait un terrain de foot à Bobigny pour aller y jouer ensemble". Toujours d’après le chauffeur de bus, le terroriste aurait été quelqu’un de "bosseur", qui vivait toujours chez ses parents, mais qui était à l’aise financièrement.
Ce qui est "haram"
Tout ce que Samy a été va pourtant s’effacer en 2012. Des changements par rapport à son comportement ont été perçus par son entourage. Après 15 mois à la RATP, le futur djihadiste décide alors de démissionner. La raison ? Ce travail était "haram" (interdit) vu qu’il y côtoyait un peu trop de membres de la gent féminine. "Je lui ai dit "T’es malade ou quoi, c’est quoi cette histoire de haram ? Quand tu vas à la boulangerie, y a aussi des femmes", se rappelle Ali. Il explique par la suite que Samy a trouvé un emploi dans la restauration rapide et qu’ils sont restés en contact pendant plusieurs mois. Le kamikaze du Bataclan a totalement coupé les ponts quand il est parti en Syrie en 2013.
Il s’est fait laver le cerveau
Bien des années après, Ali est sous le choc total après avoir découvert que son ami faisait partie des auteurs des attentats à Paris. Après l’incompréhension, Ali avoue avoir ressenti de la douleur. "Pour toutes les personnes qui sont décédées et pour lui. Il était bien. Mais il s’est fait laver le cerveau", conclut-il. Quand les journalistes demandent au chauffeur de bus s’il avait une idée de qui a lavé le cerveau de son ami, l’homme lâche un "je ne sais pas" incertain.
*Le prénom a été changé
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