Illustration / SIPA
Une enquête de l’Union Nationale des Etudiants de France (Unef) rendue publique mercredi pointe du doigt des tensions croissantes lors des inscriptions dans l’enseignement supérieur en France.
Alors que l’université devrait être ouverte à tous les bacheliers, selon le principe inscrit dans le code de l’éducation, des établissements n’hésitent pas à se lancer dans une sélection détournée. "La conjonction de sélection illégale, de capacités d’accueil réduites à cause des difficultés budgétaires, et d’un nombre de demandes d’inscriptions en augmentation importante fait qu’on a une année particulièrement tendue sur les inscriptions", a confié William Martinet, président de la première organisation étudiante. Quels sont les points les plus controversés ?
Une capacité d’accueil en baisse
Une hausse de 6,5% des demandes d’inscription à l’université a été relevée pour l’année 2015-2016 a relevé l’Unef. Toutefois, les établissements, victimes de difficultés budgétaires et faisant l’objet d’un prélèvement du gouvernement sur leur fonds de roulement, diminuent leurs capacités d’accueil. En conséquence, 30% des filières universitaires ne disposent pas d’une capacité suffisante pour répondre à toutes les demandes, précise l’enquête. Dans une académie comme Besançon (Doubs), la baisse des capacités d’accueil est de 10%. En Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), filière souvent tendue, le nombre d’universités qui sélectionnent leurs étudiants par tirage au sort est passé de 14 à 6 en 2014. A Limoges (Haute-Vienne), les capacités d’accueil affichent une baisse de 130 à 80 places.
Listes d’attente
"Dans un contexte de pénurie budgétaire, les universités utilisent tous les moyens possibles pour refermer leurs portes", a indiqué l’Unef qui déclare avoir relevé "plusieurs milliers de bacheliers, souvent des catégories populaires, qui n’ont pas pu s’inscrire dans la filière universitaire de leur choix". Comme c’est le cas pour Quentin, qui rêve de devenir professeur de sport. Pourtant le jeune étudiant se trouvait encore en liste d’attente ou refusé dans plusieurs universités en Staps lundi, à la veille de l’ultime étape sur le portail d’inscriptions Admission post-bac (APB).
54 universités ciblées
Pour sa campagne SOSinscriptions, l’Unef a dénombré des milliers de bacheliers, "souvent de catégories populaires" contraints d’abandonner leur projet d’études ou de se tourner vers une autre filière par défaut. L’Unef a répertorié 334 formations pratiquant une "sélection illégale" dans 54 universités, soit les trois quarts d’entre elles. Entre tri sur dossier, entretien ou sélection en fonction des notes au baccalauréat, les futurs universitaires sont confrontés à des situations compromettantes. Les universités de Paris 4 (46 formations), Paris 1 (23 formations) et Cergy (22 formations) se trouvent en tête de liste.