Richard Girardot, PDG de Nestlé-France, premier fournisseur des grandes surfaces du pays, dénonce les pratiques des enseignes. C’est une grande première dans la bataille entre les industriels et leurs clients.
Dans un entretien daté de mardi accordé au Figaro, le PDG de la filiale française du groupe suisse Nestlé lève le rideau et dénonce avec franchise les méthodes de la grande distribution avec ses fournisseurs.
Des "marges écrasées"
En évoquant des "marges écrasées" par les exigences des distributeurs, Richard Girardot constate également une pression digne d’une garde en se référant à une situation où le commercial se retrouve à 23 heures à patienter dans un box. "Nous avons écrasé nos marges pour continuer d’être référencés chez les distributeurs" qui "sont revenus nous mettre la pression toute l’année", a-t-il expliqué.
L’attitude des pouvoirs publics
Le président, dont le groupe est le premier fournisseur des grandes surfaces en France se questionne également sur l’attitude des pouvoirs publics notamment le travail des "gendarmes" de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Il a également rappelé que l’Autorité de la concurrence n’a pas encore dit un mot à propos des rapprochements entre grandes enseignes comme Auchan/Système U et Casino/Intermarché, sous forme de centrales d’achat, qui représentent ainsi des forces de frappe ultra-puissantes face aux acheteurs. "Cela fait sept mois que les premiers rapprochements entre centrales d’achat ont été annoncés et l’Autorité n’a toujours pas rendu sa décision sur le sujet, laissant passer la période cruciale des négociations tarifaires annuelles", martèle Richard Girardot, PDG de Nestlé-France.
L’Autorité de la concurrence dans le silence
Alors saisie en novembre du sujet par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et par la Commission des affaires économiques du Sénat, l’Autorité de la concurrence avait promis de rendre un avis "au cours du premier trimestre 2015", qui s’achève mardi soir mais elle reste toujours muette, remarque Richard Girardot. "Nous avons écrasé nos marges pour continuer d’être référencés chez les distributeurs" qui "sont revenus nous mettre la pression toute l’année" développe-t-il, écrasant aussi leurs propres marges pour faire baisser "de 7% les prix sur les produits leaders comme le Ricoré ou Mousline". Mais dans le même temps, ils avaient augmenté les prix des produits vendus sous leurs marques propres afin de compenser cet effort, a ajouté le PDG de Nestlé France.