Le procès Bettencourt se tient depuis la fin janvier à Bordeaux. La femme la plus riche de France aurait distribué, parfois contre sont gré, des millions d’euros à son entourage.
La partie civile est constituée par la famille la plus riche de France et du monde, rappelle le site metronews.fr. Liliane Bettencourt est âgée de 92 ans et souffre de "démence mixte", selon les médecins. Coté prévenus, dix hommes, artiste mondain, ancien ministre, gestionnaire de fortune, producteur de télévision, notaire ou encore avocat. Ce petit monde aurait touché des millions d’euros sortis de la poche de Madame Bettencourt. Les phrases entendues au cours du procès donnent le tournis.
1 - Un milliard d’euros ? Ah bon ?
On ne compte plus le nombre de "cadeaux" offerts par Liliane Bettencourt à son ami François-Marie Banier, principal prévenu du procès. C’est contre lui que sa fille, Françoise Meyers Bettencourt, a initialement porté plainte en 2007 pour "abus de faiblesse". A la barre, le petit-fils de Liliane Bettencourt, Jean-Victor raconte cette anecdote.
"Un jour, ma grand-mère me dit :
- Ta mère m’embête car j’ai donné un million à Banier !
- Non, plutôt un milliard.
- Ah, bon... Ça fait quand même beaucoup..."
2 - Le personnel de maison et les "petits montants"
Chez les Bettencourt, on soigne bien son personnel de maison. Du majordome à l’infirmier en passant par les femmes de chambre, leurs salaires vont de 6 000 à 18 000 euros mensuels. Au point qu’ils en perdent parfois toute notion du réel. Ainsi, invitée à parler à la barre, l’ancienne secrétaire de Liliane Bettencourt aura cette réflexion qui fera hausser pas mal de sourcils au tribunal.
"Il m’est arrivée de remplir des chèques pour Madame Bettencourt à l’attention de François-Marie Banier. Mais c’étaient des petits montants, environ 50 000 ou 60 000 euros".
Puis un peu plus tard :
"Oui, madame Bettencourt m’a fait un don, mais c’était un tout petit montant, 20 000 euros".
3 - Se faire des amis, "c’est pas cher"
Dans un enregistrement, on entend le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, lui soumettre des chèques à signer. Parmi eux, il y en a un pour Eric Woerth, un pour Nicolas Sarkozy et un autre pour Valérie Pécresse. Leur montant : 7 500 euros chacun, ce qui correspond au plafond légal. Une somme qui représente le salaire rêvé pour certains, mais qui, dans la famille Bettencourt, n’est que broutille.
"En ce moment, il faut qu’on ait des amis, assure Patrice de Maistre à sa patronne. Alors ça, c’est pour les soutenir, hein. C’est pas cher, et ils apprécient".
4 - Pour les vacances, on déroule le tapis vert...
C’est le petit coin de paradis que les Bettencourt se sont offert : l’île d’Arros, aux Seychelles. Et pour l’"entretenir", le couple ne regarde pas la dépense. Un petit exemple ? Ce hangar où poussaient des milliers de mètres carrés de gazon, spécialement pour être installés autour de la maison des Bettencourt. C’est le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre qui nous le raconte à la barre.
"Il y avait une culture de gazon sur l’île. Et pour que le gazon soit toujours impeccable, on le changeait à chaque séjour de Madame Bettencourt". C’est-à-dire jusqu’à quatre fois par an...
5 - Les tableaux de maître qui "usent" les yeux
L’artiste et collectionneur François-Marie Banier a pas moins de 300 tableaux de maître dans son coffre-fort. Mais il en accroche peu. Pourquoi ? A la barre, le prévenu aura cette réponse poétique :
"L’œil s’use à regarder quelque chose. On met les tableaux dans des coffres pour les redécouvrir : je ne vais pas les accrocher les uns sur les autres".
6 - Patrice de Maistre et sa "petite retraite"
Le gestionnaire de fortune a touché jusqu’à 2 millions d’euros par an pour s’occuper des milliards de Liliane Bettencourt. Alors, forcément, aujourd’hui, le prévenu a un tantinet perdu la notion d’argent. Interrogé sur ses revenus actuels, le prévenu parle de sa retraite. Et en a fait bondir plus d’un dans la salle.
"Aujourd’hui, je touche une petite retraite de 5 000, 6 000 euros par mois".
7 - La "brique de lait"
Il y a beaucoup de liquide dans la maison Bettencourt. On retire jusqu’à 50 000 euros par semaine à la banque et, dit-on, les coffres de "Monsieur et Madame ont leurs réserves". Il faut dire que les nombreux dons de Liliane Bettencourt à ses "amis" vont rarement en dessous des 100.000 euros. Il faut donc de grosses enveloppes. Mais quand on parle d ’"un million en liquide", on a du mal à visualiser ce que cela représente. La question s’est posée au tribunal de Bordeaux. Réponse : "Cela représente une brique de lait".
8 - "J’ai bien fait d’acheter l’immeuble"
Quand on est la femme la plus riche du monde, c’est normal de ne plus trop regarder à la dépense. Et, admettons, de ne plus savoir si on a acheté tel ou tel appartement. Mais quand, en plus, on perd la tête, cela devient presque impossible de s’y retrouver. En 2011, Liliane Bettencourt est hospitalisée à l’hôpital américain de Neuilly. Depuis quelques temps déjà, elle "déraille", selon ses proches. A son petit-fils, venu lui rendre visite, elle dit alors :
"J’ai bien fait d’acheter cet immeuble, la vue est très bien !" L’anecdote a fait beaucoup rire le tribunal.
9 - On n’est pas à deux millions près...
Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de la milliardaire, est lui-même plutôt bien loti. Il possède en effet un patrimoine de 15 millions d’euros, et un compte en banque bien fourni. On l’aura compris quand le prévenu parle de la caution qu’il a versée pour sa libération l’an dernier. A l’issue du procès, elle lui sera reversée. Mais cela, il semble l’ignorer.
Le président : "Cette somme vous appartient toujours".
Patrice de Maistre : "Ah, je ne savais pas."
10 - Liliane Bettencourt et ses "générosités"...
A la barre, un médecin devenu ami de Liliane Bettencourt. Gilles Brücker, témoin, explique que sa fille de 19 ans a noué un lien affectif avec Liliane Bettencourt. Et, au détour de l’audition...
G.B : "Mme Bettencourt a voulu témoigner de sa générosité à ma fille."
Le président : "Combien, la générosité ?"
G.B. : "500 000 euros"
Le président : "..."
G.B : "Ben oui, quand on s’appelle Bettencourt, on n’aide pas avec une boîte de chocolat !"