La perte de crédibilité de la Chambre haute se confirme. Mais la majorité des personnes interrogées ne souhaitent pas la supprimer.
Pour Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale et partisan des solutions radicales, il faut supprimer le Sénat, rapporte le JDD aujourd’hui. Il propose également la suppression du poste de premier ministre.
Gérard Larcher, président filloniste du Sénat, n’est pas d’accord. Il a aussitôt mis fin à la mission commune que le président de la République avait confié aux présidents des deux chambres après les vagues d’attaques terroristes de Paris.
L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin juge "inacceptable" la provocation de Claude Bartolone et met en garde les parlementaires. Il avait brigué la présidence du Sénat en l’appelant à "s’autoréformer, et vite", dans le climat actuel
"Il est absurde de penser qu’une des deux chambres renforcera sa légitimité en accusant l’autre", a dit Didier Guillaume du groupe PS au sénat, contredisant aussi Bartolone : "Deux chambres, c’est utile à la démocratie. Un Bundesrat à la française, cela n’aurait aucun sens, même si les frais de fonctionnement doivent être réduits" a-t-il ajouté.
Dans un sondage Ifop, les français donnent tort, eux aussi, à Bartolone : Ils ne sont "que" 21 % à réclamer la suppression pure et simple du Sénat qu’ils jugent coûteux, opaque et inutile. Mais 43 % seulement d’entre eux estiment que le Sénat joue aujourd’hui "un rôle important".
Le Sénat a toujours gêné parce qu’il contrarie les emballements des députés comme de l’exécutif. Le général de Gaulle avait déjà rêvé en 1969 de le fondre avec le Conseil économique, avant de quitter le pouvoir. En 1998, Lionel Jospin avait présenté la Haute Assemblée comme "une anomalie".