Mesure clé de la réforme sur la formation professionnelle, le compte personnel de formation (CPF) est désormais opérationnel, succédant ainsi au droit individuel à la formation (DIF).
La réforme de la formation professionnelle entre en vigueur. Cette "loi Sapin", votée en mars 2014, instaure notamment un compte personnel qui permettra à un salarié de cumuler jusqu’à 150 heures de droits à la formation qui sera accessible via un site internet (Moncompteformation.gouv.fr), actif dès ce lundi 5 janvier. Le CPF doit être activé par le salarié ou le chômeur lui-même, grâce à son numéro de sécurité sociale, sur la base des informations (droits non consommés) communiquées par les entreprises avant le 31 janvier.
Les 150 heures cumulées suivront ainsi le salarié d’une entreprise à l’autre et pendant d’éventuelles périodes de chômage. Il sera par ailleurs utilisable à l’initiative du salarié, parmi une liste de formations sélectionnées par les partenaires sociaux, censée correspondre aux besoins du marché de l’emploi. Comme l’indique l’AFP, repris par Le Figaro, ce dispositif devrait permettre aux personnes qui en ont le plus besoin (chômeurs, personnes peu ou pas diplômées) d’avoir accès à la formation professionnelle et aux actifs d’avoir davantage d’initiative dans leur choix de formation.
En pratique comment fonctionne le CPF ? Pendant les cinq premières années, tout salarié à temps plein pourra accumuler 24 heures de formation par an puis, une fois les 120 heures acquises, 12 heures par an jusqu’à atteindre 150 heures, soit en deux ans et demi pour un temps plein. Pour cette première année d’entrée en fonction, l’enregistrement des heures de formation acquises au titre du DIF, qui pourront être transférées sur le nouveau compte, devra être effectué par les titulaires du CPF. Ceux-ci doivent en effet recevoir de leurs employeurs, avant le 31 janvier 2014, un décompte de leurs heures DIF acquises et non consommées via une attestation ou sur leur fiche de paie.
Selon Hervé Estampes, le directeur général de l’Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes), "le CPF devrait révolutionner la formation professionnelle, même si sa montée en puissance sera très progressive, le temps que chacun se l’approprie". Il estime également que "les actifs ont compris que le temps où l’on passait 40 ans dans la même entreprise est révolu. Ils ont conscience qu’ils devront changer de métier plusieurs fois dans leur carrière, d’où la nécessité pour eux d’œuvrer pour leur employabilité".
Il faudra toutefois attendre plusieurs mois, voire des années, pour savoir si les Français s’approprient ce nouvel outil et en font une arme efficace contre la perte d’emploi. Selon Emmanuelle Wargon, déléguée à l’emploi et à la formation professionnelle, 40 millions de CPF pourraient potentiellement être activés.
Enfin, bien que le CPF suscite l’engouement des Français, un sondage de l’Opinion Way pour l’Afpa révèle que 51% d’entre eux n’ont jamais entendu parler de ce dispositif. Entreprises, gouvernement ainsi que partenaires sociaux devront ainsi encore faire des efforts pour lancer le mouvement.