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L’économiste français Thomas Piketty a refusé sa nomination pour la Légion d’honneur au rang de chevalier.
Lors de la promotion du 1er janvier 2015, promotion civile qui compte 691 décorés dont 571 chevaliers, 95 officiers, 19 commandeurs, cinq grands officiers et une seul grand’croix, Thomas Piketty, économiste français et auteur du bestseller "Le Capital au XXIè siècle" qui s’est écoulé à 1,5 million d’exemplaires en librairie, a été élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur. Une nomination qu’il a déclinée, rapporte Le Figaro.
Dans un entretien exclusif à nos confrères de l’AFP, l’économiste a déclaré "refuser" sa nomination pour la Légion d’Honneur, parue jeudi 1er janvier 2015 au Journal Officiel. "Je viens d’apprendre que j’étais proposé pour la Légion d’honneur. Je refuse cette nomination car je ne pense pas que ce soit le rôle d’un gouvernement de décider qui est honorable", a déclaré M. Piketty à l’AFP, ajoutant : "Ils feraient bien de se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe".
Thomas Piketty, un temps proche du Parti socialiste, critique régulièrement la politique menée par le président François Hollande. Il regrette, entre autres, que ce dernier ait enterré sa promesse de campagne d’une profonde réforme fiscale, dans le sens d’une plus grande progressivité de l’impôt, un projet ardemment défendu par l’économiste.
La secrétaire d’Etat chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, était à l’origine de la proposition du nom de Thomas Piketty pour la Légion d’honneur — en effet, la distinction ne se demande pas, mais est proposée par un tiers. La Rue de Grenelle a d’ailleurs souligné jeudi que "Thomas Piketty n’a[vait] pas été prévenu avant la publication au Journal Officiel" de cette nomination.
Alors que la décision de Thomas Piketty divise les responsables politiques, le gouvernement a choisi de tempérer. Il avait "la liberté d’accepter ou non cette distinction" et "il a choisi de la refuser, ce dont nous prenons acte", a sobrement commenté Geneviève Fioraso. "L’excellence et la visibilité de son travail demeurent", a tenu à ajouter la secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur et de la recherche, qui continue d’estimer qu’il "méritait d’être distingué par la République française".
Thomas Piketty rejoint ainsi la longue liste des personnalités ayant refusé la célèbre distinction. En 2013, le dessinateur Jacques Tardi avait lui aussi sciemment renoncé à l’insigne, arguant qu’il souhaitait rester un "homme libre". Bien avant eux, le compositeur Hector Berlioz, le couple de chercheurs Pierre et Marie Curie, les écrivains George Sand, Jean-Paul Sartre et Marcel Aymé ainsi que le chanteur Georges Brassens avaient eux aussi rejeté ses honneurs.