SOS Médecins est entré en grève de 48 heures depuis ce lundi matin. Et pour cause : la crainte des conséquences de la future loi de santé sur l’accès aux soins.
C’est au tour de SOS Médecins ! Les urgentistes, les généralistes et les spécialistes y sont passés et cette-fois-ci les professionnels de SOS médecins ont également décidé de faire la grève depuis lundi 29 décembre et jusqu’au 31 décembre au matin pour s’opposer à plusieurs dispositions du projet de loi de santé publique. Les 64 structures de l’association ont assuré la permanence des soins. Les détails avec Dominique Ringard, président de SOS Médecins dans une interview de L’Express.
Pour expliquer les raisons de ce mouvement de grève des médecins, Dominique Ringard explique : "nous avons des revendications communes avec les syndicats, notamment sur la généralisation du tiers-payant : les médecins ont autre chose à faire que de courir après 6 euros de remboursement par-ci, 15 par là. Avec 600 à 800 mutuelles en France, ça s’annonce très compliqué. On est en train de fonctionnariser la médecine." Et le président de SOS Médecins de dénoncer : "le projet de loi de santé prévoit aussi d’étendre le pouvoir des Agences régionales de santé, qui ne tiennent pas toujours compte de la réalité du terrain. Cela veut dire qu’elles auront leur mot à dire sur l’implantation de SOS Médecins dans telle ou telle région, c’est inacceptable !"
Toutefois, "l’exemple le plus flagrant est celui de la permanence des soins en "nuit profonde" : depuis plusieurs mois, en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais, les directeurs d’ARS ont décidé qu’il n’y avait plus besoin de médecin libéral entre minuit et 8 heures du matin. Vous imaginez ? Si vous avez un enfant qui a une crise d’asthme, une otite ou une bronchiolite à deux heures du matin, il doit être conduit aux urgences et attendre plusieurs heures sur un brancard !" ajoute-t-il.
Répondant à la question du journaliste "un déplacement de SOS Médecins empêche-t-il vraiment d’engorger les urgences ?", Dominique Ringard souligne : "bien sûr ! Notre taux d’hospitalisation se situe autour de 7%. Par exemple, le Samu peut nous demander, en cas de doute, d’aller effectuer un électrocardiogramme de nuit dans une maison de retraite. Si l’examen est normal, on évite un passage inutile aux urgences. Sans parler du coût pour la sécurité sociale : un transport en ambulance et un passage aux urgences sans hospitalisation revient à 450 euros !"
Par ailleurs, il est évident que le fait de ne plus intervenir la nuit représente un manque à gagner pour SOS Médecins. A cet effet, son président a été interpellé sur les éventuels risques de se faire accuser de corporatisme. Il répond par un non. "Les autres libéraux craignent aussi une mainmise des ARS et le "tout hôpital". Et faut aussi comprendre que ce sont les patients qui seront le plus impactés par ces mesures, notamment les personnes âgées, les familles... Celui qui fait une crise de colique néphrétique en pleine nuit et qui peut être soulagé à son domicile ne nous accusera pas de corporatisme !" développe-t-il.
Enfin, questionné de ce retard dans la décision de lancer un préavis de grève le 29 décembre alors que les syndicats de médecins ont débuté leur mouvement le 24, le président de SOS Médecins explique qu’ils avaient décidé, comme tous les ans, de répondre présents pendant les périodes tendues. "Nous ne voulions pas que les patients nous reprochent notre grève" a-t-il confié avant de poursuivre "c’est aussi une façon de marquer le coup et de nous distinguer." Et Dominique Ringard de conclure : "la preuve, aujourd’hui, on nous entend dans les médias ! Nous espérons être écoutés par la ministre de la Santé. Si ce n’est pas le cas, il n’est pas exclu de refaire la grève dans les semaines qui viennent."