Illustration/SIPA
C’est la grogne du côté des agriculteurs, accablés par les contrôles et les réglementations. Ils ont manifesté leur mécontentement ce mercredi.
Les agriculteurs sont sortis de leur territoire pour dévoiler au grand jour leur mécontentement. "Les agriculteurs, qui se sentent incompris et sont accablés par les contrôles et les réglementations, menaient des actions mercredi dans tout le pays pour crier leur ras-le-bol, les organisateurs appelant toutefois à manifester dans le calme par peur des débordements", rapporte Libération ce jour.
Dans ce mouvement initié par le syndicat majoritaire FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, le but est de dénoncer la crise morale et économique subie par les agriculteurs. Rejoignant également le mouvement, les Chambres d’agriculture n’approuvent pas le fait que leur budget soit coupé par l’État. "Les paysans dans leur ensemble qui ont une vocation nourricière sont pris dans un carcan économique comme administratif et traversent une crise identitaire très grave", a annoncé Thierry Huet, président de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles Champagne-Ardenne sur le récit du Figaro.
La manifestation se présentera sous plusieurs formes. A Paris, la distribution gratuite de fruits et légumes sur la place de la République depuis 8h et jusqu’à 12h figure dans le programme de ce mercredi. Plus de 20 000 sacs de pommes, oignons et pommes de terre seront partagés, "soient 50 tonnes de produits agricoles qui viendront directement du producteur au consommateur", précisent les syndicats. A Pau, un millier d’agriculteurs et des dizaines de tracteurs seront dans la file. A Carcassonne, vignerons et céréaliers envisagent de bloquer la ville jusqu’à 17h. Chaque département organise sa manifestation différemment l’un de l’autre.
Par ailleurs, l’élargissement de la directive nitrate qui vise à limiter la pollution des eaux et la prolifération d’algues vertes dans les eaux de surface n’a fait que renforcer la colère des agriculteurs. Près de 63 000 exploitations ont opté pour l’illégalité et la mise aux normes nécessitera encore des investissements coûteux. Le ministère de l’Environnement a promis "l’adaptation du zonage à la réalité des situations dans les bassins" dans son communiqué de ce mardi. "Les agriculteurs sont dans un environnement anxiogène. Ils se lèvent le matin avec la peur du contrôle. Ces normes sont insupportables", a dénoncé Xavier Beulin, président de la FNSEA, ce matin sur RMC, tout en invoquant "des lourdeurs très très françaises" concernant l’accumulation de normes devenue exaspérante.
La non-valorisation des produits provenant de l’agriculture française dans les assiettes constitue un autre point de tension. Les agriculteurs invitent l’État et les collectivités à donner le bon exemple en préparant en restauration collective au moins deux plats sur trois confectionnés à partir de produits français. A 7h ce matin, quelques uns d’entre eux ont vérifié les camions ravitaillant les cantines de Bercy. "Tomates du Maroc, pommes d’Italie, produits sans étiquette, le ministère de l’Economie devrait être exemplaire dans le Made in France et ce n’est pas le cas. On est peu exaspérés", a déploré Samuel Vandaele, secrétaire général adjoint des Jeunes Agriculteurs.
Depuis septembre, le gouvernement a déjà essayé d’offrir des gages aux agriculteurs dont la suppression de l’écotaxe. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a par ailleurs versé fin octobre par anticipation la somme de 3,4 milliards d’euros d’aides de la Politique agricole commune (PAC). Et encore mardi, il a fait la promesse d’un guide pour améliorer l’achat de produits alimentaires français dans les marchés publics.
Mais ces actions n’ont pas été suffisantes et la situation s’est empirée fin septembre avec l’incendie d’un centre des impôts et de la Mutualité agricole à Morlaix dans le Finistère. L’éventuelle suppression du barrage de Sivens, projet destiné à irriguer des terres agricoles et défendu par la profession pourra encore envenimer la situation.