Unicef/SIPA
Suite au classement de l’Unicef par rapport à l’évolution de la pauvreté de leurs enfants, la France se trouve à une position peu enviable.
"Les enfants de la récession", le rapport sorti par l’Unicef dernièrement est assez inquiétant. Il dresse la courbe d’une génération d’enfants perdus notamment ceux qui ont été victimes de la grande récession de 2008 à 2012, dans les pays riches. Pour ce faire, l’organisation mondiale a ordonné les pays en se basant sur l’évolution de la pauvreté de leurs enfants. Le classement publié, l’on aperçoit que la France occupe un rang peu enviable. En outre, l’Unicef a aussi rassemblé des études et des notes éparses pour en arriver à une conclusion terrible : "Des taux de chômage inégalés depuis la Grande Dépression des années 30 ont empêché de nombreuses familles de garantir les soins, la protection et les possibilités auxquelles les enfants ont droit", cite Libération.
D’après l’organisation mondiale, de 2008 à 2012, 440 000 enfants sont passés sous le seuil de la pauvreté (60% du revenu annuel médian) en France. "Et ceux qui vivaient mal, vivent encore plus mal : la grande pauvreté s’est intensifiée avec la crise", rajoute Marie-Aleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart-monde. On entend fréquemment que la France est la cinquième puissance économique mondiale. Toutefois, dans le classement de l’Unicef qui confronte l’évolution de la pauvreté des enfants, elle ne se positionne qu’au 30e rang des 41 pays les plus influents de la planète : le cas des plus jeunes a notamment desserré depuis la crise. "Manifestement, plus encore que dans d’autres pays [comme la Norvège, la Belgique ou le Japon, ndlr] les mesures prises par les gouvernements n’ont pas été suffisantes pour stabiliser ou faire diminuer la pauvreté des enfants", explique Nathalie Serruques, responsable de la mission Enfance en France à l’Unicef France.
De son côté, Brigitte Alsberge, responsable du département « Solidarité enfants » au Secours catholique annonce : "Parmi les 390 000 familles que nous recevons en un an, les familles monoparentales continuent à être de plus en plus nombreuses : elles représentent 30% des personnes que nous recevons. Mais la nouveauté, depuis deux ou trois ans, c’est que les couples avec enfants sont eux aussi de plus en plus nombreux, qu’ils soient chômeurs ou travailleurs précaires. Le couple n’est plus un rempart contre la pauvreté, et le travail ne suffit plus à s’en sortir."
La pauvreté des enfants n’affecte pas uniquement la France, mais aussi 22 autres pays riches étudiés par l’Unicef. La situation est surtout critique en Europe du Sud. En Espagne, plus de 36% des enfants se trouvent en situation de pauvreté. En Grèce, la barre atteint les 40%. La situation est aussi épouvantable en Islande car un enfant sur 10 était évalué comme pauvre en 2008 ; quatre ans plus tard, les donnes ont changé et ils ont plus d’un tiers à l’être
Pour l’Unicef, il s’agit d’une génération "mise de côté". Elle met en comparaison la situation des enfants à celle des personnes âgées qui elles aussi sont vulnérables. Ces dernières vivent mieux la situation que les plus jeunes. En France par exemple, la pauvreté des enfants a connu une hausse de 3 points entre 2008 et 2012 (de 15,6% à 18,6%) et la pauvreté des seniors a chuté d’autant. Dans la moitié des pays européens concernés par le rapport, la pauvreté s’est accrue plus vite pour les enfants que pour l’ensemble de la population. "Non seulement de nouvelles personnes entrent dans la pauvreté, mais, phénomène inquiétant, une génération d’enfants s’ancre dans l’exclusion : certains n’ont jamais vu leurs parents, ni leurs grands-parents, travailler", précise Brigitte Alsberge, du Secours catholique.