Illustration - France - Unicef / Crédit SIPA
L’UNICEF constate un malaise grandissant chez les jeunes français. Plus d’un tiers des 6-18 ans sont en souffrance psychologique, selon l’organisation.
Dans sa deuxième édition de la consultation nationale sur les enfants et les adolescents, publiée le 23 septembre, l’UNICEF pointe un grand malaise parmi les adolescents. Selon les informations relayées par Europe 1, au cours de trois mois d’enquête menée en France de mars à mai 2014, UNICEF France a interrogé plus de 11 000 jeunes âgés de 6 à 18 ans.
Ainsi, parmi les sources d’angoisse des adolescents : l’école. Plus d’un tiers (34%) disent avoir été harcelés ou ennuyés par d’autres enfants. Et près d’un quart (24%) disent s’y sentir en insécurité. Plus de 45% sont anxieux à l’idée de ne pas réussir assez bien à l’école, proportion qui augmente pour les enfants et adolescents défavorisés.
Par ailleurs, l’enquête a également mis en évidence que 17% des jeunes participants à l’étude sont en situation de privation. Le taux passe à 24% pour les plus de 15 ans. C’est cette population qui est la plus exposée aux tensions familiales, à l’échec scolaire voire aux idées morbides. Selon l’enquête, plus de 42% des adolescents en situation de privations confient avoir déjà pensé au suicide.
L’UNICEF veut également alerter l’entourage des enfants, notamment les parents, sur le manque de liens. En effet, cette enquête a aussi mis en évidence "les formes de souffrance qui résultent, non pas d’une privation d’ordre matériel, mais d’une faiblesse de liens" avec l’entourage (famille, amis, école). A partir de la proportion d’enfants et adolescents disant se sentir "tristes ou cafardeux" (40,4%), traverser des phases d’apathie (25,8%) et perdre confiance en eux (30,2%), les auteurs de l’enquête ont calculé un indice global de "souffrance psychologique".
L’enquête pointe également du doigt les réseaux sociaux. Sur ce point particulier, l’UNICEF veut alerter sur le harcèlement potentiel présent sur les réseaux sociaux. Les jeunes qui en sont victimes ont "presque trois fois plus de risque de faire une tentative de suicide", explique Serge Paugam, sociologue et directeur de recherches à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).
Pour les auteurs du rapport, les témoignages des enfants confirment que "vivre en situation de privation constitue pour eux un facteur de risque de vivre en même temps des expériences de difficultés d’intégration" dans la famille, dans le quartier ou à l’école. La présidente de l’UNICEF France, Michèle Barzach, a déclaré : "En partant de leur parole, nous voulons attirer l’attention des pouvoirs publics, mais aussi de la société civile tout entière, sur nos adolescents trop souvent incompris et trop vite jugés. Nous avons tous un devoir de réassurance vis-à-vis d’eux. Nous nous devons de les écouter, de les accompagner jusqu’à l’âge adulte, vers lequel ils avancent avec un mélange d’envie et d’appréhensions".
L’enquête intitulée "Ecoutons ce que les enfants ont à nous dire" a été présentée mardi dernier à la secrétaire d’Etat à la famille, Laurence Rossignol.