Woerth "honnête", "compétent" et "digne". S’appuyant sur le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), rendu public dimanche, le chef de l’Etat a défendu un ministre qu’il estime "lavé de tout soupçon", un "homme honnête et compétent qui a toute [sa] confiance", et qui selon lui a subi la "calomnie" et le "mensonge" alimentées par des "officines" avec une "dignité qui fait honneur à la classe politique". Il a également annoncé la formation d’une commission multipartite pour examiner les règles en matière de conflits d’intérêt, et a affirmé qu’il avait conseillé à Eric Woerth de démissionner de son poste de trésorier de l’UMP. Une éventualité que l’intéressé avait évoquée lundi matin et dont la mise en oeuvre ou non devrait incomber au secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand.
La mention des enveloppes, une "honte". Le président de la République a également relié l’affaire Woerth/Bettencourt à son sort personnel, l’assimilant implicitement à une tentative de déstabilisation de son gouvernement : il a notamment dressé un parallèle avec les rumeurs sur sa vie privée qui ont fleuri ces derniers mois et avec l’affaire Clearstream, où son nom avait été cité peu après sa prise de pouvoir au sein de l’UMP. Revenant sur des propos de l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, rapportés par le site Mediapart (et rétractés depuis), il a affirmé que c’était une "honte" de l’avoir accusé d’avoir "ramassé des enveloppes" chez l’héritière L’Oréal.
Un remaniement comme prévu en octobre. Plus largement, Nicolas Sarkozy a affirmé que "la France n’est pas un pays corrompu", contredisant sans la citer les propos de son ancienne adversaire de la présidentielle Ségolène Royal. Après les démissions récentes d’Alain Joyandet et Christian Blanc pour des indélicatesses budgétaires (un "certain laisser-aller" et des "mauvaises habitudes" reconnues par le chef de l’Etat), il a confirmé qu’un remaniement ministériel aurait lieu en octobre, une fois la réforme des retraites votée, avec en ligne de mire une "équipe resserrée". "Je n’ai pas le droit de céder à l’agitation du milieu, je n’ai pas le droit de céder à la fébrilité du commentateur", a-t-il répondu à ceux, y compris au sein de la majorité, qui réclament un remaniement rapide.
Retraites : des lignes rouges sans surprise. Sur la question des retraites, Nicolas Sarkozy a dressé, sans surprise, deux lignes intangibles : le passage de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans et la hausse des cotisations des fonctionnaires pour les aligner sur celles du privé. Il a également réaffirmé qu’il s’opposerait à toute baisse des pensions, mais s’est affirmé "très à l’écoute" sur les autres points. Il a une nouvelle fois justifié la réforme par sa volonté d’assainir la situation financière du pays et d’éviter un scénario à la grecque. Alors que le gouvernement veut parvenir à 100 milliards d’euros d’économies en trois ans, il a en revanche nié toute "rigueur", lui préférant... l’adjectif "rigoureux", qui n’inclut selon lui ni baisse des salaires, ni hausse des impôts, ni remise en cause du bouclier fiscal.
Des otages à l’Equipe de France... En fin d’entretien, le chef de l’Etat a par ailleurs été interrogé sur la sécurité et l’éducation ainsi que sur plusieurs sujets d’actualité récente. Il a ainsi manifesté une "inquiétude brûlante" pour l’otage Français retenu dans le Sahel, tout en se montrant en revanche moins inquiet sur le sort des deux journalistes de France 3 retenus en Afghanistan. Il a par ailleurs défendu le fait de s’être entretenu avec l’attaquant de l’équipe de France Thierry Henry le jour-même d’une importante manifestation contre la réforme des retraites, le 24 juin, critiquant au passage le comportement "désastreux" des Bleus en Afrique du Sud. Reste une question à laquelle il n’a pas répondu, celle de sa candidature à sa réélection : il a affirmé qu’il se déciderait sur le sujet à l’automne 2011.