Le Défenseur des droits, Jacques Toubon s’est inquiété de l’"affaissement des libertés" et le "renforcement de la répression" en France.
Selon son rapport annuel publié ce mardi 12 mars, Jacques Toubon a fait état d’un renforcement de la répression en France. Il s’inquiète en l’occurrence de affaissement des libertés inspiré par l’état d’urgence de 2015. "En France, (...) s’est implantée une politique de renforcement de la sécurité et de la répression face à la menace terroriste, aux troubles sociaux et à la crainte d’une crise migratoire alimentée par le repli sur soi", a-t-il écrit, confirmant une information du journal Le Figaro.
Cette autorité indépendante chargée de défendre les citoyens face à l’administration s’est interrogée sur le nombre conséquent d’interpellations et de gardes à vue lors de certaines manifestations.
Après les attentats du 13 novembre 2015, l’état d’urgence a été décrété dans toute la France. Selon le document de l’ancien Premier ministre, les directives de l’actuel gouvernement pour gérer la contestation sociale sont similaires aux mesures à ce que les Français ont vécu en 2015.
Et pourtant, ce régime d’exception agit comme une "pilule empoisonnée" touchant progressivement le droit commun et fragilisant de plus en plus l’État de droit. Le Défenseur a indiqué que l’état d’urgence de 2015 a contribué à poser les bases d’un "nouvel ordre juridique, fondé sur la suspicion, au sein duquel les droits et libertés fondamentales connaissent une certaine forme d’affaissement".
Jacques Toubon a rappelé que les recommandations de son institution sur l’interdiction des lanceurs de balle de défense (LBD) remontaient à plus de quatre ans. "Mes positions n’ont pas été en réaction au mouvement des ’Gilets Jaunes’ mais relèvent d’une analyse de fond engagée dès 2013 par (son) prédécesseur", a-t-il fait part.
Il y a quelques jours, le Conseil de l’Europe a également appelé la France à suspendre l’usage des LBD. Toutefois, le Défenseur des droits a déploré l’énorme difficulté en France d’avoir des débats sereins et rationnels sur ce sujet.
>> À lire aussi : Loi “anticasseurs” : l’avis du Conseil d’État ignoré