Les avis sont partagés au sein de la sphère politique après le discours de Nicolas Sarkozy dimanche après-midi à Villepinte. Si la droite parle d’un « succès populaire », la gauche de François hollande accuse le candidat UMP d’avoir traité l’Europe comme « un bouc-émissaire » lorsqu’il a parlé de la révision des accords de Schengen.
Les annonces chocs du président candidat dimanche à Villepinte ont cristallisé les réactions, surtout lorsque que celui-ci a menacé de suspendre la France des accords de Schengen si aucune discipline commune dans les contrôles aux frontières n’est établie entre les vingt-six Etats membres dans les douze prochains mois. Voici l’essentiel des déclarations de quelques personnalités politiques rapportées par Huffington Post :
« Voilà que Nicolas Sarkozy, ne pouvant pas présenter d’autres propositions aux Français, se met à traiter l’Europe comme un bouc-émissaire », a fustigé le socialiste Hollande lors de son intervention à l’émission Capital sur M6 en référence à la révision des accords de Schengen avancée par son rival.
Pour le candidat du PS, « ce n’est pas le chef de l’Etat qui s’exprimait, c’était le candidat » de l’UMP. « J’ai trouvé qu’il parlait de lui, c’est plutôt son inclination, plutôt que de son projet », a-t-il renchéri en soutenant que Nicolas Sarkozy avait « occulté son bilan ». « Ce devait être un grand moment, où il présentait aux Français ses propositions et son bilan, et on n’a eu, ni l’expression de sa fierté de ce qu’il avait fait, ni la présentation de ce qu’il proposait », a déploré le député de Corrèze dimanche soir.
Le numéro 2 du PS, Harlem Désir, a de son côté dénoncé un « mauvais copier-coller de 2007 » qui, selon lui, « ne suffira pas à tromper les Français ». « Nicolas Sarkozy ne propose rien pour sortir de la crise et croit détourner leur attention avec sa vieille antienne sur ‘immigration, insécurité, identité nationale’ », devait-il rajouter en qualifiant le discours du candidat UMP de « plein de caricatures mais vide de propositions ».
Un avis que partage également une autre PS, en la personne de Delphine Batho, porte-parole du candidat Hollande qui a parlé d’un « discours sans idées nouvelles, qui ressemble aux précédents ».
Invitée de BFM-TV dimanche soir, Marine Le Pen a accusé Nicolas Sarkozy d’avoir mis en place une « dictature de l’Europe » ayant par la suite « affaiblie la France ». « La France est forte mais affaiblie par l’Europe, elle est affaiblie par la dictature de l’Europe, et cette dictature, Nicolas Sarkozy, il a contribué à la mettre en place et il a contribué à l’inscrire dans le marbre », a estimé la candidate du FN à l’élection présidentielle.
Pour Eva Joly, le président candidat a « donné un coup de poignard dans le dos de l’Europe », en annonçant cette mesure sur la libre circulation dans l’Union Européenne. « Le mur du son de la démagogie a été franchi, avec la proposition de Nicolas Sarkozy de remettre en cause les accords de Schengen », a écrit la candidate EELV dans un communiqué. « Chaque meeting de campagne de Nicolas Sarkozy avait jusqu’alors confirmé son désarroi face à la perspective de la défaite, et son absence de principes », a-t-elle par ailleurs noté.
François Bayrou, pour sa part, qualifie de « pur fantasme » cette menace de suspension évoquée par Nicolas Sarkozy. « Qu’est-ce que ça veut dire concrètement sortir de Schengen ? Cela veut dire remettre les barrières et les douaniers (...) Est-ce que vous y croyez ? Est-ce qu’il y a quelqu’un d’assez censé dans le pays pour croire qu’on va réembaucher des douaniers et reconstruire les postes frontières (...) ? », s’est-il interrogé.
Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui fustigé la « gesticulation » du candidat Sarkozy. « Nicolas Sarkozy a chauffé la salle avec quelque chose qui ne tient pas debout (…) Tout ça, ce sont des phrases pour chauffer la xénophobie des gens », a soutenu le candidat du Front de gauche sur Europe1 lundi matin.
Selon Nicolas Dupont-Aignan, du Debout la République, le candidat UMP avait fait « un violent réquisitoire contre son propre bilan en matière européenne ». « Lorsqu’il s’en prend aux flux migratoires et à Schengen, c’est à sa propre politique que le président-candidat s’attaque. Lorsqu’il critique la commission de Bruxelles et plaide en faveur de la souveraineté nationale, c’est sa propre action qu’il désavoue », a-t-il fait valoir dans un communiqué. « Le pyromane Nicolas Sarkozy demande aujourd’hui la confiance des Français pour devenir pompier en chef et pour éteindre l’incendie qu’il a contribué à raviver (...). Il n’y a décidément plus de limite à l’escroquerie », a conclu le candidat dans sa note.
En revanche, Jean-Louis Borloo du Parti Radical, a estimé que Nicolas Sarkozy avait hier « abordé des sujets d’importance pour les radicaux et les humanistes ». Selon ses dires, le candidat à sa propre succession « a mis au cœur de son intervention l’évolution vers une Europe plus politique, plus solidaire et plus orientée vers la protection des peuples et de notre économie ».
Et enfin, le député UMP Eric Ciotti a, pour sa part, jugé de « formidable succès populaire », le grand meeting du candidat de son parti dimanche. « Confronté à une crise économique et à des bouleversements géopolitiques sans précédent, notre pays a besoin d’un véritable chef d’Etat expérimenté et responsable », a –t-il défendu dans un communiqué.
Un point de vue étayé par un autre élu de la formation, Christian Estrosi, qui salue une « manifestation inédite » si l’on se réfère à « l’ampleur de la mobilisation ». Lui d’estimer que Nicolas Sarkozy, grâce à ses propositions, a « sifflé la fin de la récréation socialiste ».