Lors de sa plaidoirie, mercredi, l’avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut, a demandé à la justice de "laisser le peuple souverain" décider de son avenir politique.
Rodolphe Bosselut, avocat de Marine Le Pen, a clôturé mercredi deux mois d’audience au procès des assistants parlementaires européens du Front national (aujourd’hui Rassemblement national). Il a plaidé la relaxe de sa cliente et a dénoncé une tentative de "destruction démocratique" à travers les réquisitions du parquet. L’ancienne candidate à la présidentielle est poursuivie pour détournement de fonds publics et complicité dans l’utilisation abusive de fonds européens entre 2004 et 2016. Le parquet a requis cinq ans de prison, dont trois avec sursis, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, c’est-à-dire applicable dans l’immédiat. Rodolphe Bosselut a contesté fermement ces demandes, qualifiées de "dérive antidémocratique". Selon lui, rendre la peine d’inéligibilité immédiatement exécutoire reviendrait à priver Marine Le Pen de sa présomption d’innocence.
Lors de sa plaidoirie, Rodolphe Bosselut a fustigé l’argument du parquet concernant un "risque de récidive" si Marine Le Pen se présentait de nouveau à l’élection présidentielle. "Je propose de laisser le peuple souverain s’en charger et non la justice qui est rendue en son nom.", a-t-il lâché appelant à respecter le jeu démocratique. L’avocat a ensuite dénoncé une rupture d’égalité devant la justice, rapporte Franceinfo. Il a notamment cité des cas similaires ayant conduit à des peines plus légères, en particulier celui du MoDem et de François Bayrou.
L’accusation pointe un système organisé au sein du FN pour utiliser les fonds européens à des fins partisanes. Rodolphe Bosselut a rejeté cette thèse, arguant qu’aucune instruction écrite n’accusait directement Marine Le Pen. Il a souligné que les contrats des assistants étaient publics et que leur embauche respectait les usages de l’époque. Parmi les assistants incriminés se trouvent des figures emblématiques du parti, comme Thierry Légier, garde du corps historique du FN. Pour conclure, l’avocat a demandé au tribunal de ne pas céder à une "détestation réflexe" de Marine Le Pen en raison de son rôle politique. Il a plaidé pour qu’elle soit jugée comme "une justiciable comme les autres", sans traitement de faveur ni défaveur. La décision de la justice est attendue pour le 31 mars prochain.
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