Ce procès s’annonce comme un moment décisif pour le Rassemblement national et pour la trajectoire politique de Marine Le Pen qui pourrait voir ses perspectives électorales gravement affectées par l’issue de cette affaire.
Le procès concernant les assistants d’eurodéputés du Rassemblement national s’ouvre ce lundi 30 septembre devant le Tribunal correctionnel de Paris. Ce procès met en cause le parti, sa présidente Marine Le Pen, ainsi que 24 autres personnes, cadres, ex-eurodéputés ou assistants parlementaires, accusés d’avoir détourné des fonds du Parlement européen entre 2004 et 2016. L’affaire repose sur un « système » présumé de détournement de fonds via les enveloppes mensuelles de 21 000 euros allouées par le Parlement à chaque eurodéputé pour rémunérer leurs assistants parlementaires. L’accusation affirme que ces fonds ont été utilisés pour payer des assistants qui travaillaient en réalité pour le parti alors que le Front national traversait une période de difficultés financières. Le parquet considère Marine Le Pen comme la « décisionnaire principale » de ce système, rapporte RFI.
Les éléments à charge incluent un mail de juin 2014, adressé à Marine Le Pen, dans lequel le trésorier du parti avertit : « Nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen. » Il est également rapporté que Marine Le Pen aurait demandé aux eurodéputés, lors d’une réunion à la même époque, de n’embaucher qu’un seul assistant par eux-mêmes, et de mettre le reste de leur enveloppe « à la disposition du mouvement ». L’un des parlementaires aurait ensuite écrit au trésorier : « Ce que Marine nous demande équivaut à signer pour des emplois fictifs. »
Le Rassemblement national réfute toutes les accusations de détournement de fonds publics. Les prévenus encourent jusqu’à dix ans de prison, un million d’euros d’amende et une peine d’inéligibilité de dix ans, ce qui pourrait compromettre les ambitions présidentielles de Marine Le Pen pour 2027. Le préjudice est estimé à trois millions d’euros, dont un million a déjà été récupéré par le Parlement européen par le biais de procédures de recouvrement. Selon Me Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen, l’accusation dispose d’éléments solides pour prouver l’existence de ce « système » de détournement.
Voir notre dossier sur Marine Le Pen