Alors qu’elle se prépare pour le second tour la présidentielle française contre Emmanuel Macron, la candidate du Rassemblement National est visée par un rapport de l’office européen de lutte antifraude (OLAF). Marine Le Pen est accusée d’avoir détourné près de 137 000 euros au Parlement européen.
D’après un rapport de l’Office européen de lutte antifraude, remis à la justice française et révélé samedi par Mediapart, quatre anciens députés européens, dont Marine Le Pen ont fait un usage abusif de fonds public durant leurs mandats au Parlement européen.
La candidate RN à la présidentielle est accusée d’avoir détourné personnellement 137 000 euros lorsqu’elle était eurodéputée entre 2004 et 2007. L’Olaf évoque plusieurs dépenses suspectes comme 23 100 euros d’objets promotionnels livrés au siège du parti en 2014, qui "semblent avoir été achetés pour le congrès du FN (Front national) à Lyon", ou encore 4 107 euros de bouteilles de beaujolais, distribuées lors du même congrès par Bruno Gollnisch.
Le rapport épingle aussi le père de Mme Le Pen (Jean-Marie Le Pen), son ex-compagnon (Louis Aliot), Bruno Gollnisch (membre du bureau national du RN) ainsi que le groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés. En tant que présidente et secrétaire général du groupe, Marine Le Pen aurait validé des demandes de remboursement de frais engagés lors d’événements du parti, sans lien avec les mandats des eurodéputés.
Au total, Marine Le Pen et ses proches auraient détourné environ 600 000 euros. Par leurs "agissements frauduleux", ces personnes sont accusées d’avoir "mis en péril la réputation des institutions de l’Union" . Elles risquent "des poursuites pénales".
Le parquet de Paris a confirmé avoir reçu ce rapport le 11 mars dernier. D’après plusieurs médias, dont Le Figaro, l’avocat de Marine Le Pen s’est dit étonné du "timing toujours fort à propos de la révélation" et de son "instrumentalisation". Il a déploré "la façon dont agit l’Olaf, sans caractère contradictoire", évoquant "faits anciens de plus de 10 ans" pour certains.
Me Rodolphe Bosselut a affirmé que sa cliente n’était pas au courant des conclusions du rapport auquel elle n’aurait, d’ailleurs, "jamais eu accès" alors qu’elle est " une personne particulièrement concernée". Pour le moment, elle n’a pas encore été convoquée par les autorités judiciaires françaises. Le parquet de Paris a affirmé que le document est "en cours d’analyse".