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La France a décidé d’annoncer des restrictions d’accès dans le pays contre certains dirigeants libanais.
Lors de ses déplacements à Beyrouth (Liban), en août dernier, Emmanuel Macron n’avait pas exclu de sanctionner certains dirigeants réfractaires aux réformes. Huit mois après, le pays a décidé de passer à l’action, rapporte le journal Le Figaro. En effet, durant une visite à Malte, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé avoir commencé à titre national à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités politiques. Ces dernières sont impliquées, selon lui, "dans le blocage politique en cours ou impliquées dans la corruption".
"Les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs", a-t-il prévenu lors d’un point de presse aux côtés de son homologue maltais. Le chef de la diplomatie française a aussi indiqué que la France pourrait adopter des mesures supplémentaires à "l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise (…) en coordination avec (ses) partenaires internationaux".
Depuis des mois, le Liban s’enfonce dans une grave crise économique et financière. Le pays n’a pas de gouvernement, jusqu’ici, car les principaux dirigeants n’arrivent pas à se mettre d’accord autour de la formation d’un cabinet. Par ailleurs, Paris a finalement accepté que Saad Hariri soit désigné comme Premier ministre, mais, cela n’a eu aucun effet sur la formation d’un gouvernement.
A partir du mois de mars, la France a haussé le ton, et Jean-Yves Le Drian a lancé un appel envers ses partenaires européens à utiliser "des leviers". Le but est de contraindre les chefs de clans libanais à s’entendre sur un gouvernement, mais la pression française reste inefficace.
Selon une source diplomatique à Bruxelles, un régime de sanctions doit être voté à l’unanimité des 27 membres de l’Union pour être adopté. Pourtant, lors de la dernière réunion, au moins un pays s’y est opposé.
Selon un expert à Beyrouth, la liste des dirigeants libanais, visés par ces restrictions, ne sera probablement pas rendue publique. "Il s’agit de maintenir une ambiguïté pour que la pression exercée porte", a-t-il renchéri. D’ailleurs, ni le type exact des restrictions, ni le nombre et les identités des personnes concernées n’ont été mentionnés dans la communication de Jean-Yves Le Drian.
Paris a évoqué deux critères concernant cette décision : la corruption et le blocage de la formation du gouvernement. Le quotidien note que Gebran Bassile, le gendre du président de la République Michel Aoun, est dans le collimateur de la France. Il est considéré comme l’un des principaux responsables du blocage actuel, selon Paris. Cependant, cette personne ne vient que très rarement en France, a indiqué l’expert à Beyrouth. De ce fait, ce type de sanctions ne le fera pas forcément plier, en revanche, il risque de consolider sa détermination.
Une autre difficulté est également évoquée après cette prise de décision. Il s’agit des cas des dirigeants libanais possédant la nationalité française. Le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, qui est très critiqué pour "couvrir" le système, a un passeport français. D’autres autorités, probablement visées par cette interdiction, pourraient également échapper à cette restriction d’accès en France.
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