ISA HARSIN/SIPA
Après plusieurs mois de débats houleux et d’ajustements, le budget 2025 de la Sécurité sociale a été adopté définitivement après un dernier vote au Sénat.
Le Parlement a validé le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Le Sénat a donné son approbation finale, ce lundi, par 225 voix contre 104, dans les mêmes termes que l’Assemblée nationale. Ce vote signifie la fin d’un long feuilleton budgétaire, initié en octobre dernier et marqué par des tensions politiques, des renoncements et des compromis. Mais si le texte est désormais adopté, son contenu continue de susciter des interrogations, notamment en raison d’un déficit qui s’annonce plus lourd que prévu.
L’une des principales mesures du PLFSS 2025 est l’augmentation des dépenses d’Assurance maladie, qui progresseront de 3,4 %, contre 2,8 % initialement prévus. Cette révision à la hausse s’explique en grande partie par l’ajout d’un milliard d’euros supplémentaires pour soutenir l’hôpital, un secteur sous forte pression depuis plusieurs années. « Nous avons pris en compte les priorités exprimées pour proposer un texte probablement imparfait, j’en ai conscience. Mais un texte qui vise à nous rassembler », a déclaré la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin sur les propos relayés par Le Figaro. Il a souligné que les ajustements réalisés pour répondre aux attentes des différents groupes parlementaires.
Malgré cet effort budgétaire, le PLFSS 2025 ne fait pas l’unanimité. L’un des points les plus préoccupants reste l’aggravation du déficit de la Sécurité sociale, qui atteindra 22,1 milliards d’euros, bien au-delà des 16 milliards initialement estimés. Certains observateurs redoutent même que la facture réelle soit encore plus salée en fin d’année, en raison d’une conjoncture économique incertaine et de dépenses imprévues. Face à cette situation, le gouvernement a dû faire plusieurs concessions. Il a notamment renoncé à une hausse des tickets modérateurs, qui aurait augmenté le reste à charge des patients après remboursement de l’Assurance maladie. Il a également atténué les efforts demandés aux entreprises sur les exonérations de cotisations sociales et abandonné l’idée de désindexer les retraites de l’inflation, une mesure qui aurait été politiquement explosive.
Malgré ces ajustements, le texte ne convainc pas totalement. Pour les socialistes, le PLFSS manque d’équité et ne garantit pas la pérennité du système de protection sociale. « La France a besoin d’un budget, mais nous aurions préféré une version plus juste », a regretté la sénatrice PS Annie Le Houérou, dénonçant un projet qui, selon elle, « ne donne aucune perspective de long terme à la Sécurité sociale ». Du côté de la droite, si le texte intègre plusieurs apports du Sénat, la volonté d’instaurer sept heures de travail supplémentaires non rémunérées a été écartée. En revanche, la fameuse « taxe lapin », qui sanctionnera les patients ne se présentant pas à leurs rendez-vous médicaux sans prévenir, a été maintenue. Le président LR de la commission des Affaires sociales, Philippe Mouiller, a mis en garde contre une aggravation continue du déficit. « Il est fondamental d’enrayer dès le prochain PLFSS cette dérive budgétaire afin de ne pas mettre en péril notre système de protection sociale. », a-t-il lâché.
Lire toute l’actualité politique en France