Lors de la présentation de son programme chiffré et détaillé jeudi 5 avril, Nicolas Sarkozy a également rendu public une lettre à l’adresse du peuple français à travers laquelle il s’est exprimé sur la vision qu’il a de la France. Un fascicule de 34 pages qui, dès sa sortie, n’a pas échappé aux critiques.
« Mes chers compatriotes, il n’est rien de plus beau en démocratie que l’amour de son pays », pouvait-on lire en première page de la fameuse lettre de Sarkozy au peuple Français. Ce document édité à six millions d’exemplaire a été distribué depuis hier par voie militante.
« Je veux le faire le plus directement possible, sans aucun intermédiaire. Je veux le faire par écrit, car l’écrit demeure, l’écrit engage », explique le candidat UMP en préambule. « Agir est la seule justification de l’engagement politique. Me présenter à nouveau n’avait donc de sens à mes yeux que pour vous proposer un projet que je crois nécessaire à notre pays et susceptible de vous rassembler », écrit le président sortant pour expliquer sa décision de s’être présenté une nouvelle fois à la course élyséenne et vouloir rafler une seconde mandature.
Revenant sur le drame de Montauban et celui de Toulouse, Sarkozy soutient qu’ « entre laxisme et obsession sécuritaire, entre aveuglement coupable et Etat policier, il faut trouver le bon équilibre. Mais il ne faut pas être naïf. Il y a une idéologie extrémiste qui travaille à la destruction des valeurs occidentales. Nous devons être sans faiblesse à son égard ».
Une manière de rappeler son intention de durcir l’arsenal juridique afin de mieux sécuriser le territoire français face aux menaces terroristes. « Aucune idéologie de haine ne peut être tolérée dans notre pays », avertit le candidat UMP.
Lui de poursuivre qu’« il faut protéger les frontières extérieures de l’Europe. D’abord contre la criminalité organisée qui profite de la porosité de certaines de nos frontières pour déployer tous ses trafics. Ensuite pour maîtriser l’immigration parce qu’il y a une limite à nos capacités d’accueil ». Car selon lui, « décider qui a le droit de s’installer sur notre territoire fait partie de notre souveraineté ».
Dans ce passage, il en profite d’ailleurs pour faire valoir une nouvelle fois son opposition aux droits de vote des étrangers. Leur accorder un tel droit « ne réglera aucun des problèmes de l’intégration et est contraire à la conception française de la nation », lance-t-il.
S’adressant particulièrement aux jeunes, Nicolas Sarkozy soutient que « les filières de l’enseignement professionnel doivent donner accès à l’emploi ». Ainsi, « il faut que la formation en alternance soit systématique en dernière année de baccalauréat professionnel et de CAP », propose-t-il.
Après un quinquennat marqué par la crise, il s’est dit fier que la France ait « tenu parce qu’elle a agi ». Pour défendre son bilan, lui de rappeler quelques mesures qui auraient permis à ce que le taux de pauvreté soit resté inférieur en France comparé à celui de ses voisins.
Entre autres « l’augmentation de 25 % en cinq ans du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé, une exonération d’impôt sur le revenu pour 6 millions de contribuables au plus fort de la crise, le doublement de la population éligible à l’aide à l’acquisition d’une mutuelle, la baisse des tarifs d’électricité de première nécessité ou encore la création d’un tarif de solidarité pour le gaz... »
S’agissant des mesures d’austérité qui vise à un objectif bien clair : 0% de déficit d’ici à 2016, il explique qu’ « entre augmenter les impôts et réduire les dépenses publiques », il choisit « la réduction des dépenses ». Cela implique selon lui « des efforts, de l’imagination, du courage aussi pour affronter les clientélismes. Les collectivités territoriales devront participer à l’effort de réduction des dépenses. Nous ferons désormais une feuille d’impôt par collectivité parce que chaque Français doit savoir ce qu’il paye pour sa région, son département, sa commune. En même temps, je veux diminuer le nombre de parlementaires, parce que c’est juste. A tous les Français, on demande des efforts, les élus doivent en prendre leur part ».
« Je veux vous donner des raisons de croire dans la France forte », poursuit le président-candidat :
- Dans tous les pays industriels, les entreprises relocalisent des emplois
- Un impôt sur le bénéfice mondial des grandes entreprises les dissuadera de délocaliser les emplois. Quel que soit l’endroit où elles réaliseront des bénéfices, elles paieront une part d’impôt en France.
- Nous interdirons également la déduction des dépenses de délocalisation de l’impôt sur les bénéfices des entreprises.
- Et aussi parce que la France est créative, les Français ont l’esprit d’entreprise ; la France a du talent, les Français ont de l’imagination.
- Puis, partout dans le monde, des entreprises françaises réussissent parce qu’elles innovent.
En guise de conclusion, Nicolas Sarkozy d’avancer : « Je sais que vous aimez la France. Je veux vous convaincre qu’il faut avoir foi en elle. Françaises, Français, plus que jamais cette France gravée dans votre cœur a besoin de vous. J’ai besoin de vous. Aidez-moi à construire la France forte ».
Dans le camp UMP, cette lettre du candidat Sarkozy est perçue comme un « texte magnifique » et « l’un des documents politiques les plus importants écrit ces dernières semaines », comme le commente le secrétaire général du parti, Jean-François Copé.
« C’est une manière pour lui de dire, à ce moment précis de sa vie, combien son engagement pour notre pays est total, que cet engagement est fait de courage, de détermination, de solidité et d’expérience. Il est aujourd’hui empreint de gravité qu’on ne lui connaissait probablement pas de cette manière avant le début de ce quinquennat », a renchéri le patron de l’UMP sur Figaro.
Disponible depuis jeudi, Olivier Besancenot, du NPA, de son côté conseille à « tous ceux et toutes celles qui recevraient ce courrier » de le « retourner à l’envoyeur, c’est-à-dire à l’Elysée, en le redéposant dans une boîte aux lettres, sans affranchissement, avec écrit retour à l’envoyeur ! ».