La prouesse de Marine Le Pen à l’issue du premier tour de la présidentielle française résonne comme un coup de tonnerre politique dans la plupart des pays européens.
En marge d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg lundi 23 avril, plusieurs personnalités n’ont pas caché leurs inquiétudes face à la percée fulgurante de la candidate frontiste. La Chancelière allemande, Angela Markel, a même jugé le score obtenu par l’extrême-droite de « préoccupant ».
Les résultats du premier tour de la course à l’Elisée ont fait réagir plusieurs pays européens.
La Chancelière Angela Markel a fait savoir par la voix du porte-parole du gouvernement allemand, lors d’une conférence de presse lundi 23 avril au matin que « ce haut score (Ndlr : de Marine Le Pen) est préoccupant ». « Je suppose que cela va se régler au deuxième tour », aurait-elle dit. La chancelière confirme cependant son soutien à Nicolas Sarkozy même si elle ne prévoie pas de le rencontrer avant la tenue du second tour français.
De leur côté, les sociaux-démocrates allemands ont choisi de commenter les scores obtenus par les deux candidats du second tour français, en estimant que Hollande n’est pas très loin de la victoire. Une situation qui sera indéniablement « un signal important » pour renverser la politique d’austérité imposée à l’Europe. « Il y a une alternative à la politique menée par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy qui misent tout sur l’austérité et ne font rien pour la croissance », a fustigé le patron du parti social-démocrate allemand (SPD), Sigmar Gabriel.
Mais les plus vives réactions européennes ont été surtout axées au cas de la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, n’est pas allé par quatre chemins en rendant Nicolas Sarkozy responsable de la percée lepéniste « par son choix de faire campagne sur les frontières européennes trop poreuses à ses yeux et le contrôle de l’immigration ».
« Si on répète tous les jours qu’on doit changer Schengen, qu’on doit avoir une politique d’immigration forte, qu’on doit parler de l’exception française, et tout cela, c’est de l’eau au moulin du FN », a fustigé le socialiste Asselborn. Lui de rajouter : « le Front national, cela veut dire pas d’euro, pas d’Europe, pour la France comme pour l’Europe et c’est le mauvais chemin, il faut briser cette logique ».
« Je suis inquiet de ce sentiment que nous constatons contre des sociétés ouvertes, une Europe ouverte. Cela me préoccupe, et pas seulement en France », a renchéri pour sa part le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.
Son homologue danois, Villy Sovndal, partage le même avis lorsqu’il a déclaré que les résultats du premier tour de dimanche sont « extrêmement préoccupants » du fait qu’ils viennent raviver les inquiétudes de l’Europe face à la percée d’autres partis d’extrême-droite ou populistes.
Un phénomène observé ces dernières années à Danemark, en Autriche, en Hongrie, en Finlande ou encore au Pays-Bas. « On doit être très attentif à cela », estime le chef de la diplomatie belge Didier Reynders.
Source : Le Figaro