Le chef de l’État français s’est confié jeudi à des journalistes de TF1/LCI. Une occasion pour lui de donner ses points de vue sur la colère des "Gilets Jaunes", mais aussi ses erreurs et ses solutions pour une sortie de crise
Devant quelques journalistes, dont le chef du service politique de TF1/LCI, Adrien Gindre, le président de la République a tenté de répondre jeudi à quelques questions, notamment la crise des "Gilets Jaunes" qui secoue la France depuis plus de trois mois. Cet entretien inédit s’est déroulé en présence du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Köhler, du conseiller en stratégie, Ismaël Emelien, et de la conseillère en communication, Sibeth N’Diaye.
Selon Adrien Gindre, Emmanuel Macron a profité de cet échange afin de clarifier certaines choses, de dire ce qu’il a vécu durant ces 20 mois à la tête du pays, mais aussi de réécrire en partie l’histoire.
"Si être Gilet jaune (...) c’est vouloir que les Français vivent mieux (...), alors je suis Gilet jaune", a confié le président de la République.
Le locataire de l’Élysée a toutefois précisé qu’il ne croit pas au soutien des Français aux Gilets Jaunes. Il estime que ce terme est impropre.
Emmanuel Macron a déclaré que le retrait de la taxe carbone changerait quelque chose. Il a néanmoins jugé qu’elle sorte.
"Nous sommes un pays attaché à l’égalité, mais obsédé par la fiscalité pour traiter l’égalité", a-t-il fait remarquer.
Il a ainsi indiqué qu’il allait redonner un projet d’égalité des chances, comme pour l’ISF.
Le chef de l’État a dressé un constat d’un mouvement socio-politique, sans revendication ni leader. Il a ainsi évoqué une violence politique de l’extrême-droite et l’extrême-gauche, surtout sur les réseaux sociaux. Selon Emmanuel Macron, le nombre de militants ultras en France est d’environ 40 000 à 50 000, dont ceux qui ont commis des violences sur l’Arc de Triomphe.
"Auprès d’Eric Drouet, dans les services de sécurité (des Gilets jaunes, ndlr), il y a de vrais fascistes", déclare-t-il.
Emmanuel Macron a fait savoir que la crise des "Gilets Jaunes" l’a fait comprendre plusieurs choses. D’ailleurs, il a pu travailler sur lui-même. "Je pense que moi-même j’ai fait des erreurs. Quand les gens voient de la distance, de l’arrogance, de la déconnexion… J’aurais tort de ne pas penser que cela ne nécessite pas de travail sur soi.", a-t-il précisé.
Selon lui, la politique consiste également à montrer les décisions prises, donc faire de la communication et donner plus de sens.
Le président de la République a indiqué que les gens qui demandaient sa démission lui rappellent des souvenirs du premier tour de la présidentielle. Selon lui, certaines personnes ont une fascination pour la violence sur le terrain. "Ça ne me fait rien les gens qui demandent ma tête", affirme-t-il.
Néanmoins, il a expliqué avoir été ému au Puy-en-Velay après l’incendie de la préfecture, mais surtout par le préfet et le commandant de gendarmerie en larmes, car ils n’ont pas compris la violence de certains manifestants.
Emmanuel Macron n’a pas manqué de parler de l’utilisation du lanceur de balle de défense (LBD) par les forces de l’ordre. Selon ses dires, il y a plusieurs choses qui doivent être revues dans l’organisation. En revanche, il a martelé que ce n’est pas son rôle de débattre du LBD.
"Moi je crois qu’il faut un contrôle du juge. Enlever le LBD aux forces de l’ordre alors que certains viennent pour tuer avec des fusils… Drôle de responsabilité", a-t-il déclaré.
Il a toutefois jugé excellent le port de caméras de certains policiers et gendarmes.
Le locataire de l’Élysée a souligné qu’aucun gouvernement n’a fait autant de réformes législatives que le sien. Emmanuel Macron a cité le Parcoursup, la réforme fiscale ou encore de la SNCF.
"Nous sommes une société conservatrice (…) Quand la vie des gens change, la crédibilité de la parole se reconstruit. Nous n’avons pas assez réussi les 20 premiers mois", insiste-t-il.
Il a promis de faire de réformer la fonction publique et de déconcentrer le "management" pour que chacun se sente responsable.
Le chef de l’État a assuré qu’il n’a pas d’information sur celui qui prendra la tête de la liste de la majorité pour les élections européennes. Il a tout simplement souligné qu’il ne fallait pas faire trop de tactique. Cependant, il a estimé que la liste LREM sera la seule qui sera claire pour changer l’Europe.
"Contrairement à mes prédécesseurs, je fais des propositions européennes. Je prends ma part de risque. La France doit être celle qui propose. C’est notre grande force", poursuit-il.