La "promotion-sanction" de Harlem Désir au poste de secrétaire d’Etat aux affaires Européennes fait grincer des dents dans la classe politique, à gauche comme à droite.
Ce mercredi 9 avril,
Harlem Désir a fait une entrée fracassante au sein du gouvernement. Exfiltré du parti socialiste et parachuté au poste de secrétaire d’Etat aux affaires Européennes, sa
nomination figure actuellement parmi celles qui sont les plus commentées au sein de la classe politique.
Sa "
promotion-sanction", intervenue après la
débâcle du PS aux municipales, est loin de faire l’unanimité. Et pour cause, les critiques fusent de partout, à gauche comme à droite.
L’ex-premier secrétaire du PS, accusé d’être le responsable numéro un de ce camouflet électoral historique, est vivement critiqué en interne où des voix se sont élevées pour décrier un "déni de démocratie" pur et simple, alors que le nom de Jean-Christophe Cambadélis est cité avec insistance pour prendre les rênes du parti.
Du côté de la droite, les réactions s’enchaînent également. " Comment peut-on comprendre que celui qui a notamment perdu les élections municipales pour le PS se voie ainsi clairement recasé au gouvernement ? ", s’interroge au Parisien Yves Jégo, député UDI de Seine-et-Marne. Pour lui, l’exfiltration de Harlem Désir vers le gouvernement, c’est "un signe de plus de l’euro-mépris du Parti socialiste" et "un bien mauvais message envoyé par la France à nos partenaires de l’Union".
"Au moins tout est clair, tout est dit", réagit pour sa part le député UMP du Val-d’Oise, Jérôme Chartier. Avant de lancer : "L’arrivée d’Harlem Désir, chacun l’a compris, c’est une sortie qu’on pense être honorable pour quelqu’un qui a échoué à la tête du Parti socialiste".
L’ancien ministre de l’Education nationale et député UMP Luc Chatel, a quant à lui pointé l’ingérence de François Hollande dans les affaires internes du parti socialiste. "J’ai compris qu’il avait déjà décidé que ce serait monsieur Cambadélis qui présiderait aux destinées du parti. Voilà : je constate que les gouvernements changent et les reniements de François Hollande continuent", fustige-t-il.
Comme il fallait s’y attendre, la présidente du Front national Marine Le Pen n’a pas été tendre envers le pouvoir : "la promotion-sanction de Harlem Désir au poste de secrétaire d’Etat est sûrement le clou de ce spectacle sans intérêt : les Français savent désormais que François Hollande et Manuel Valls considèrent le gouvernement comme le placard doré des apparatchiks socialistes en échec", martèle-t-elle. D’après la patronne du FN, l’actuel gouvernement "ne rassemble ni les personnalités, ni les convictions nécessaires à un changement de cap pourtant indispensable".
"C’est vrai que Harlem Désir est un peu le boulet pour le Parti socialiste, on lui a trouvé un lot de consolation, il se trouve que c’est un secrétariat d’Etat, je trouve ça assez curieux", renchérit Louis Alliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen. "Tout ça pour ça", poste sur son compte Twitter un autre leader frontiste, Florian Philippot.
Cible des tirs croisés venus de toutes parts, Harlem Désir peut en revanche se consoler sur le soutien infaillible de Christian Paul, député PS, proche de Martine Aubry : "Je n’ai pas trouvé qu’Harlem Désir avait permis au Parti socialiste de jouer tout son rôle de parti majoritaire. Mais en revanche, il a été un excellent député européen, l’un des premiers à explorer les problèmes de mondialisation. Il connaît bien les institutions européennes. Je suis persuadé qu’il peut vraiment être utile dans ce gouvernement".