La commission des Finances du Sénat cherche à élucider les raisons de l’aggravation de la situation budgétaire. Les sénateurs interrogent les acteurs politiques majeurs pour déterminer leur part de responsabilité dans cette crise financière.
Face à une hausse marquée du déficit public, passant de 4,4 % à 6,1 % du PIB en un an, la Chambre haute a lancé une enquête pour identifier les causes de cette dégradation et en désigner les responsables.
Cette investigation touche directement l’ancien ministre de l’Économie et le président de la République, ils sont soupçonnés d’avoir contribué à ce dérapage.
L’ex-membre du gouvernement est interrogé pour répondre aux accusations de laxisme budgétaire. Après son audition, d’autres figures politiques, comme Gabriel Attal et Élisabeth Borne, seront entendues pour apporter leur version des faits, le 08 et 15 novembre prochain. Bruno Le Maire, figure centrale de cette enquête, est accusé d’avoir négligé les alertes de son propre ministère. Selon diverses sources, dont le magazine Le Nouvel Obs, les services de Bercy auraient, à trois reprises, signalé au ministre les risques d’un déficit important en octobre 2023. Ces accusations de « dissimulation » et d’« insincérité budgétaire » sont notamment portées par Jean-François Husson, sénateur LR. L’actuel enseignant à l’université de Lausanne, ne compte pas endosser toute la responsabilité et prévoit de rappeler les mesures qu’il a entreprises. Il va sûrement revenir sur le coup de rabot de 10 milliards d’euros en février 2023 et sa proposition d’un Projet de loi de finances rectificative au printemps 2024 qui fut rejetée.
La politique économique d’Emmanuel Macron, basée sur une stratégie de l’offre, a reçu beaucoup de critiques, particulièrement de la part de l’opposition de gauche qui dénonce l’inefficacité de cette approche. De plus, la décision du président de refuser le Projet de loi de finances rectificative, défendu par Bruno Le Maire, est un point de friction, surtout en vue des élections européennes. Ce choix, selon certains analystes, a freiné les efforts de redressement budgétaire. Cette enquête pourrait également peser sur le bilan du chef de l’État.
En arrière-plan de cette enquête, un enjeu politique majeur se dessine. Les responsables gouvernementaux cherchent à se dédouaner mutuellement de la responsabilité de ce déficit. Selon Le Parisien, Bruno Le Maire prévoit de « rétablir les faits » face à ce qu’il appelle un « torrent de mensonges ». Ses explications pourraient avoir des répercussions directes pour le président, surtout si les choix économiques et budgétaires de l’exécutif sont remis en cause. L’ancien ministre du Budget, Thomas Cazenave, a déjà affirmé mi-octobre que les mesures de redressement budgétaire avaient été interrompues par des décisions politiques.