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La stratégie à adopter face au Rassemblement National semble diviser le chef de l’Etat et son Premier ministre.
Intervenue sur Radio J, Elisabeth Borne a évoqué les partisans de l’extrême droite. Le Rassemblement national était l’"héritier de Pétain" et porteur d’une "idéologie dangereuse", a-t-elle affirmé. "Il ne faut pas banaliser ses idées [qui] sont toujours les mêmes", a-t-elle suggéré.
Ses propos semblent ne pas convenir au président qui a tenu à faire une remarque, au cours du Conseil des Ministres. Sans citer expressément la locataire de Matignon, Emmanuel Macron a lâché "le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux". "Vous n’arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l’extrême droite que ce sont des fascistes.", s’est-il insurgé. Pour le président, il faut attaquer ce parti avec du "concret", du "réel ". Les "mots des années 90 ne fonctionnent plus", a-t-il martelé
"Il faut décrédibiliser" le RN "par le fond et les incohérences", a enchaîné le président depuis le Salon des ambassadeurs, détaille Le Parisien.
Dans des propos rapportés par Le Figaro, un participant, resté anonyme, raconte qu’au moment des faits, le conseil échangeait sur l’actualité en Espagne marquée par la défaite du parti socialiste du Premier ministre, Pedro Sánchez, lors des élections régionales et municipales.
Une personne ayant assisté à la réunion affirme qu’Elisabeth Borne n’a pas répondu aux propos du président, rapporte Le Parisien sans indiquer l’identité de sa source.
Les ministres recadrent également la PM. "Honnêtement, je n’ai pas compris pourquoi elle a fait cette sortie. Pétain, c’était le siècle dernier. Malheureusement la mémoire s’efface et ce genre de référence, ça ne fait plus peur à personne", lance un ministre. Un autre a lâché sans ambages "C’est être naïf que de croire qu’il suffit de citer Pétain pour faire fuir des électeurs. Ça n’a même jamais marché. Borne a fait de la politique à l’ancienne".
Le RN "héritier de Pétain" : la tension monte entre Élisabeth Borne et Marine Le Pen