Les résultats des élections sénatoriales, dévoilés dimanche dernier, n’ont apporté que peu de surprises. La majorité sénatoriale de droite et du centre a confirmé sa position dominante en maintenant sa stabilité parmi les 170 sièges renouvelables cette année.
La stabilité était prévisible et s’est effectivement maintenue au Sénat lors des élections de renouvellement de la moitié des sièges de la chambre haute, qui se sont déroulées dimanche 24 septembre. À moins de huit mois des prochaines élections européennes, 170 des 348 sièges sénatoriaux étaient en jeu pour un mandat de six ans, choisis par les grands électeurs dans une quarantaine de départements, dont quatre en Occitanie (Lot, Lozère, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Orientales).
À l’issue de la journée de vote, que ce soit par le biais de scrutins majoritaires à deux tours ou de scrutins proportionnels par listes, les résultats ont confirmé la prédominance de la droite et du centre, en accordant une prime aux sénateurs sortants. Bruno Retailleau, qui a confirmé sa candidature à la tête du groupe Les Républicains (LR), a souligné que le groupe LR restera « de loin le plus important », prévoyant d’obtenir « 143 ou 144 sénateurs », contre 145 précédemment. Il a également critiqué le président de la République en soulignant la « déconnexion du macronisme avec le terrain ».
La majorité présidentielle a subi un revers significatif avec la défaite de la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, en Nouvelle-Calédonie. Étant minoritaire et fragmentée en plusieurs groupes au Sénat, la majorité présidentielle a souffert de son faible ancrage local, notamment à cause des résultats des élections municipales qui ont privé la majorité de nombreux grands électeurs.
L’ancienne ministre Brigitte Bourguignon, déjà défaite aux élections législatives de 2022, a également subi une défaite dans le Pas-de-Calais. Au Sénat, le groupe Renaissance a sauvé le siège de Xavier Iacovelli (Hauts-de-Seine), mais a perdu celui de Julien Bargeton à Paris. Avec déjà des effectifs réduits au Sénat, les macronistes du groupe RDPI (24 élus) sont confrontés à leur faible enracinement local, ce qui pourrait entraîner une réduction de leurs effectifs.
En revanche, le parti Horizons, fondé par Édouard Philippe, a réussi à faire son entrée au Sénat en obtenant des sièges pour Olivier Bitz (Orne), Louis Vogel (Seine-et-Marne), Cédric Chevalier (Marne) et Emmanuel Capus (réélu dans le Maine-et-Loire).
Bien qu’il n’ait pas véritablement fait campagne pour les élections sénatoriales, préférant se concentrer sur les élections européennes de l’année prochaine, le Rassemblement National (RN) a fait un retour au Sénat en élisant trois sénateurs. Le parti d’extrême droite s’est félicité de cette victoire, qualifiant cela de réparation de « l’anomalie démocratique » qui consistait en l’absence du RN au Sénat. Cette victoire a été remportée par Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais, Joshua Hochart dans le Nord et Aymeric Durox en Seine-et-Marne. Il convient de noter que le sénateur Stéphane Ravier, élu sous l’étiquette RN en 2014 et 2020, a depuis quitté le parti pour rejoindre Reconquête, dirigé par Éric Zemmour.
Du côté de la gauche, qui espérait atteindre le chiffre de 100 sénateurs (contre 91 précédemment), le Parti Socialiste vise à maintenir sa position en tant que deuxième groupe politique au Sénat (64 sénateurs jusqu’à présent). Le chef de file socialiste, Patrick Kanner, réélu dans le Nord, s’est félicité de la conclusion d’un « accord gagnant-gagnant » avec les communistes et les écologistes dans une quinzaine de départements, au grand dam de La France Insoumise (LFI), qui avait déposé des candidatures de dernière minute mais n’a finalement pas réussi à obtenir de sièges au Sénat.
À Paris, l’alliance entre le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français et Europe Écologie Les Verts (EELV) a porté ses fruits en envoyant huit des douze sénateurs parisiens au palais du Luxembourg, y compris Yannick Jadot et Ian Brossat, tandis que la droite, divisée, n’a obtenu que quatre sièges.