Françoise Vergès, la politologue, autrice et militante féministe décoloniale, a précisé que les Outre-mer, devenus un passage obligé pour les candidats à la présidentielle.
Dans le cadre de la campagne présidentielle 2022, Anne Hidalgo aux Antilles, Jean-Luc Mélenchon à La Réunion, Marine Le Pen à Mayotte. Les candidats se sont lancés à l’assaut des Outre-mer, selon le journal 20 Minutes qui a invité la politologue Françoise Vergès.
Cette dernière a précisé que les "Outre-mer servent depuis plusieurs années de carte postale politique". Tout le monde se déplace dans ces territoires, avec des éléments de langage pour parler comme à l’Elysée, puisque c’est un passage obligé. Pourtant, c’est vraiment le moment pour les candidats de faire de grands discours.
La politologue a précisé que la thématique des Outre-mer n’est pas prise en compte dans la campagne présidentielle.
En effet, il n’y a pas eu de politique de réparation véritablement pensée entre la fin de l’esclavage et la départementalisation. Depuis cette période aussi, il y a eu une accumulation d’exploitations des ressources, de monocultures des territoires ainsi que des scandales qui ne font que léser ces populations. Selon elle, les récentes données montrent un énorme retard et toujours des inégalités flagrantes dans plusieurs domaines entre la Métropole et les Outre-mer.
Par ailleurs, les chiffres au 21e siècle pour l’Etat français sont absolument terribles, avec de forts taux de chômage ou encore d’illettrisme. "Les grandes grèves de 2009 ont montré qu’il y a eu un renforcement de la dépendance à l’importation en provenance de l’Hexagone, alors qu’il y a des pays à côté des territoires", a-t-elle souligné.
Françoise Vergès a signifié l’importance de ces territoires, car ils peuvent apporter des voix, et que cela fait partie de la propagande électorale.
Par ailleurs, la France ne se voit pas accorder de la souveraineté à ces départements et collectivités. Cela veut dire qu’il est difficile pour les Français de s’imaginer "la République sans ses Outre-mer et le statut de grande nation qu’elle lui confère".
De leur côté, les Ultramarins ne s’intéressent plus à la campagne, et le taux d’abstention est habituellement plus élevé dans ces régions. Selon la politologue, les aspirations des populations sont très peu entendues et les gens sont fatigués et ne veulent plus s’embêter avec la politique ou ont fondé des associations.
Les préoccupations de ces territoires sont différentes de celles de l’Hexagone. Ainsi, une politique mieux adaptée est nécessaire.
En 2009, la population aux Antilles a exprimé ses souhaits : la fin de la monoculture de la banane ou de la canne à sucre, le désir de garantir l’emploi à la jeunesse pour qu’elle reste dans le territoire. "Aujourd’hui, je pense que les solutions doivent être trouvées en premier lieu localement, parce que même si le nouveau président est plus sensible aux problématiques d’Outre-mer, il doit y avoir des réflexions internes", a indiqué la politologue.
Interrogée sur la nécessité de redéfinir les statuts des Outre-mer, Françoise Vergès a répondu que ces territoires et départements doivent proposer ceux qui leur conviennent le mieux. "On ne passera pas de la culture de la canne à celle de la carotte du jour au lendemain. Même si demain on devait accorder l’indépendance, il faudra réparer les sols abîmés", a-t-elle expliqué.
La pauvreté, l’éducation et la santé sont des sujets importants de la vie quotidienne. D’après la politologue, il faut aussi en finir avec le racisme au lieu de "nous sortir un énième programme de développement autour du tourisme ou d’envoyer des délégations de parlementaires et d’experts".
> A lire aussi : Autorité de la concurrence : des écarts significatifs entre la métropole et La Réunion