"Le gouvernement a voulu sacrifier l’aide médicale d’État pour satisfaire l’extrême droite. Il aura la censure et le déshonneur", s’est indigné le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner après le vote de la baisse du budget de l’aide médicale d’État (AME).
Le Sénat, dominé par une majorité de droite et du centre, a voté ce lundi une réduction de 200 millions d’euros du budget alloué à l’Aide médicale d’État (AME). Cette mesure touche directement les sans-papiers en France. L’enveloppe, initialement prévue à 1,3 milliard d’euros pour 2025, avait déjà augmenté de 9 % par rapport à 2024. Les sénateurs ont adopté cette réduction avec 201 voix pour et 126 contre, un vote soutenu par le gouvernement de Michel Barnier. La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a approuvé cette décision tout en soulignant la nécessité de prendre en compte les besoins sanitaires du pays. Elle a justifié cette coupe budgétaire comme une contribution de l’AME à l’effort global de rationalisation des dépenses publiques.
La mesure adoptée ne réduit pas directement le champ des soins pris en charge par l’AME, une revendication historique de la droite et de l’extrême droite, mais conditionne désormais les prestations non urgentes à un accord préalable de l’Assurance maladie. Une étape que la droite considère comme un premier pas vers une réforme plus profonde. Le Premier ministre Michel Barnier a d’ailleurs annoncé son intention de réduire davantage le "panier de soins" couvert par l’AME dès 2025, si son gouvernement survit à la motion de censure actuellement en débat à l’Assemblée nationale.
Les opposants à cette réforme, notamment la gauche et les macronistes, dénoncent une mesure au fort impact social. Le sénateur socialiste Patrick Kanner a accusé le gouvernement de vouloir "sacrifier l’aide médicale d’État pour satisfaire l’extrême droite". Marine Le Pen, quant à elle, a dénoncé une hypocrisie gouvernementale. "Quand j’entends le gouvernement dire qu’il envisage dans sa générosité de baisser l’AME de 200 millions, je me dis que l’on se moque du monde, surtout quand dans le même temps il envisageait de dérembourser des médicaments. Ça n’est pas admissible", a-t-elle lâché sur les propos repris par Le Figaro.
En 2024, l’AME représentait environ 0,5 % des dépenses de santé dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Malgré ce faible poids budgétaire, l’aide reste un sujet clivant, souvent exploité dans les débats politiques. Une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) révèle que 51 % des personnes éligibles en bénéficient réellement, ce qui soulève des questions sur son accès et son efficacité.