En France, l’Assemblée nationale, lieu de débat démocratique, se serait transformée en une scène de spectacle, selon des chercheurs. Ils notent une montée de l’émotion et des critiques au détriment de la raison et de l’argumentation. L’étude met en lumière l’impact des réseaux sociaux et la polarisation des discours, soulevant des interrogations sur l’avenir de la parole politique.
Entre 2007 et 2024, les discours des députés à l’Assemblée nationale ont évolué. D’après Franceinfo, une étude menée par des chercheurs en sciences sociales de l’Université Paris 1, d’HEC et de l’Université de Zurich montre que l’émotion supplante l’argumentation. Parmi les deux millions de discours analysés, 40 % en 2024 utilisaient une rhétorique émotionnelle, selon le rapport publié mardi. C’est presque le double par rapport à 2014. La colère domine, surtout chez les élus de partis comme la France insoumise ou le Rassemblement national. Cette émotion se serait accrue au détriment d’arguments basés sur les faits.
L’analyse évoque, par ailleurs, une réduction de la durée des interventions. Elles seraient aujourd’hui presque deux fois plus courtes qu’il y a dix ans. D’un côté, les échanges sont plus conflictuels et ponctués d’interruptions. Les chercheurs constatent également que les prises de paroles sont désormais plus adaptées pour les réseaux sociaux. Une intervention calibrée en 150 mots s’intègre parfaitement dans une vidéo d’une minute, format adapté aux plateformes numériques. Les discours ne s’adressent plus seulement aux députés présents dans l’hémicycle, mais aussi aux abonnés.
Cette tendance affecte l’opinion publique. Alors que les discours à l’Assemblée nationale deviennent un outil de polarisation et de confrontation, la méfiance envers les élus pourrait s’accentuer. D’après une étude du CEVIPOF (Centre d’étude de la vie politique française) en 2024, les Français se sentent de plus en plus méfiants et lassés par la vie politique.
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