Composé de 17 députés, un 9e groupe politique composé de Macronistes et d’anciens Macronistes a été créé ce mardi à l’Assemblée nationale. Une création qui fait perdre provisoirement la majorité au groupe LREM.
Baptisé "Ecologie démocratie solidarité", un neuvième groupe a été fondé à l’Assemblée nationale, ce mardi 19 mai. L’un des chefs de file de ce rassemblement, l’élu Matthieu Orphelin (Maine-et-Loire), a confirmé au journal 20 Minutes que l’annonce va être officialisée.
Ce groupe devrait s’inscrire "ni dans la majorité, ni dans l’opposition". Une position qui pose problème, d’après plusieurs ex-LREM. "Cela risque de ressembler à un appendice d’En marche", a indiqué Jean-Michel Clément. Selon Frédérique Duma, ils promettent la liberté de vote, "mais s’ils sont en soutien de la majorité, il n’est pas évident qu’il n’y ait pas d’instruction de vote". "Ils pourront faire de l’agitation médiatique", a estimé François-Michel Lambert. Ce dernier a été plus attentif concernant le poids politique de ce groupe, sans parti derrière, sans ministre, sans personnalité.
Par ailleurs, la création de ce neuvième groupe à l’Assemblée risque d’affaiblir la majorité. De plus, les élus LREM Hugues Renson et Barbara Pompili souhaitent créer un courant social et écologiste en interne, d’après les informations recueillies par 20 Minutes. Pourtant, d’autres députés majoritaires veulent réaffirmer la place centrale de l’Etat.
En 2018, d’autres élus LREM ont déjà quitté le navire macroniste. Ils se sont alliés pour former le huitième groupe "Libertés et territoires". Deux ans après, le journal leur a demandé ce que cela avait changé dans leur travail de parlementaire.
La plupart de ces ex-En marche ont répondu avoir acquis la "liberté". "Les consignes c’était : ne fais rien, viens voter comme on te le demande", a relaté François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône. Il a affirmé qu’il était impossible de proposer ne serait-ce qu’un amendement "sans demander l’aval du bureau". Quitter le groupe LREM lui a permis de retrouver une "liberté d’expression et de vote".
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Pareillement, Frédérique Dumas, a très mal vécu, elle aussi, ces instructions. "Je comprends qu’une majorité doit avoir un minimum d’homogénéité, et doit soutenir le gouvernement mais là, c’est allé trop loin", a-t-elle raconté. Elle a également noté une gestion de groupe extrêmement autoritaire, et des caricatures de méthodes du passé, des pressions exercées sur certains.
Une situation qui l’a conduite à quitter le groupe LREM en septembre 2018 avant de rejoindre "Libertés et Territoires". Selon ses dires, dans ce groupe, il n’y a aucune instruction ni pression venues d’en haut, de l’Elysée ou d’un parti. "On vient d’univers différents, on échange, on discute, et ensuite on essaie de dégager une position majoritaire", a-t-elle détaillé.
Si un élu choisit de ne pas la suivre, "il n’y a pas de sanctions" alors que le groupe LREM vient d’exclure la députée Martine Wonner, car elle a voté contre la stratégie de déconfinement du gouvernement.
Une autre différence a été aussi évoquée par ces élus dissidents de la majorité. "Dans un groupe pléthorique, la parole s’efface derrière le nombre, alors que dans un petit groupe, tout le monde parle, et tout le monde s’écoute", a remarqué Jean-Michel Clément. Rappelons qu’il a quitté la LREM à cause d’un "désaccord politique profond" concernant la loi asile et immigration.
En revanche, François-Michel Lambert a annoncé recevoir plus de visibilité. "Pour être visible à LREM, il faut être proche des chefs, d’un cercle très restreint, ou être frondeurs. Et, au milieu, il y a 250 députés qu’on n’entend quasiment pas", a-t-il confirmé. Alors, le fait de rejoindre un groupe de 20 élus signifie mécaniquement "plus de prises de parole dans l’hémicycle, plus de questions au gouvernement, plus de participation", a-t-il résumé.
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