Invité en exclusivité sur 20 Minutes, Alain Juppé a fait part de sa crainte en cas de poursuite des mobilisations à Paris.
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a été interviewé en exclusivité sur 20 Minutes à la suite de l’annonce du moratoire par Edouard Philippe.
Les « Gilets jaunes » ont appelé à une nouvelle manifestation pour ce samedi. Cette mobilisation inquiète le maire de Bordeaux. « Je crains qu’il n’y ait des importantes violences car il y aura l’infiltration des extrémistes de droite ou de gauche avec les gens pacifiques », a confié Alain Juppé. L’appel lancé aux agriculteurs avec leurs tracteurs augmente le risque de débordements, particulièrement à Bordeaux.
L’ancien ministre regrette également le contexte radical du mouvement des « Gilets jaunes ». Face à cette colère non dissipée, il les appelle à passer au dialogue et à la discussion.
« Il faut arrêter », a clamé Alain Juppé mettant en avant le geste d’apaisement du gouverment qui a annoncé un moratoire. Il est temps pour les « Gilets jaunes » d’en faire autant aussi et de décider un moratoire des manifestations, a-t-il suggéré.
Ce moratoire n’est "qu’un début", a assuré Alain Juppé, évoquant "une mesure d’apaisement pour arriver à un dialogue". Dans la foulée, il a déploré l’absence totale d’organisation et de sens de responsabilités dans la mobilisation des « Gilets jaunes ». Il y a une vraie différence si on se référe à la manifestation de 1995, a-t-il souligné. « A cette époque, avec un million de manifestants, le dialogue était possible grâce aux leaders syndicaux responsables qui ont su encadrer la mobilisation », a-t-il rappelé.
Sans ambages, « oui, l’absence d’organisation est la vraie différence », a acquiescé Alain Juppé. Mais il a aussi jugé que les syndicats qui se sont affaiblis, ne sont pas dans le jeu.
« Je ne sais pas s’il les a stigmatisés ou pas », a répondu le maire de Bordeaux en continuant qu’en ce moment, le président doit s’appuyer davantage sur les élus. Ces derniers sont les seuls vers qui les habitants se tournent dans plusieurs circonstances.
« C’est bien gentil d’outrager les élus mais les élus locaux sont là à l’écoute des populations », a-t-il poursuivi en affirmant être prêt de recevoir des représentants des « Gilets jaunes ».
Selon Alain Juppé, en 1995, Jacques Chirac avait déjà annoncé cette fracture sociale avec la montée des inégalités devenue intolérable à cause de plusieurs raisons telles la mondialisation, la transformation de notre économie ou le numérique. « Cette fracture est constatée à la fois en France ou entre les nations », a-t-il précisé en prévenant qu’à l’avenir, il y aurait un risque d’importants mouvements violents entre les pays riches et les pays pauvres.
« Beaucoup de bonnes réformes ont été apportées », a estimé le maire de Bordeaux en citant celle du marché du travail introduisant une certaine souplesse dans un marché tellement rigide.
Mais il y a aussi le dédoublement des petites classes, dont des bons résultats sur le niveau des connaissances sont déjà ressentis mais les enseignants ne le proclament pas.
Encore une autre bonne réforme, celle de la SNCF ou Société nationale des chemins de fer français même s’il y avait quelques maladresses de forme, a-t-il jugé.
« Quand on n’en fait pas assez on nous reproche d’être trop lent, quand on en fait trop on nous reproche d’être trop rapide… », a-t-il souligné en espérant que ce rythme sera maintenu. L’ex-ministre fait ainsi allusion à la réforme de l’assurance-chômage et des retraites dont l’âge devrait être décalé à 65 ans.
Par ailleurs, il y a des réformes auxquelles le maire de Bordeaux n’adhère pas. Tel est le cas de l’augmentation de la CSG ou Contribution sociale généralisée, puis le gel des retraites. « Cela fait beaucoup pour un électorat très sensible comme les retraités », a-t-il jugé.