Ce lundi à 9h30 heure de New-York (17h30 heure de la Réunion), Dominique Strauss-Kahn a rendez-vous avec la justice. L’ancien homme fort du Parti Socialiste et ex patron du FMI (Fonds Monétaire International) passera pour la troisième fois devant les juges américains, assisté de ténors du barreau tel que Benjamin Brafman. Lors de cette audience cruciale, DSK inculpé notamment pour "séquestration, tentative de viol et agression sexuelle" sur une femme de chambre d’un hôtel New-Yorkais, devra d’abord déclarer si il plaide coupable ou non coupable face aux faits qui lui sont reprochés. Un choix décisif qui déterminera les suites de la procédure judiciaire.
Hier, au 153 Franklin Street, en plein coeur du quartier huppé de Tribeca à New-York, l’heure était sans nul doute à la concentration. Avec ses avocats, Dominique Strauss-Kahn a peaufiné la stratégie de sa défense en vue de l’audience décisive d’aujourd’hui. A 9h30, ce ténor du parti socialiste, comparaîtra pour la troisième fois devant la Cour de Justice Criminelle de Manhattan, salle 51.
Le système judiciaire américain se base sur un fonctionnement accusatoire. Les procès criminels s’organisent en deux phases. Concrètement, ce lundi, DSK devra commencer par dire à la cour si il plaide coupable ou non coupable. Un choix duquel dépendra l’ensemble des suites judiciaires de l’affaire.
Lorsqu’une procédure de plaider-coupable s’engage, l’accusé doit alors trouver un arrangement avec l’accusation, financier et également visant à réduire la peine de prison. Ces négociations n’empêchent cependant pas le procureur de poursuivre. Mais généralement, plaider coupable revient à risquer une peine de prison moindre que dans le cas d’un procès.
Dans le cas de DSK, il est très peu probable qu’il choisisse cette option. Tout d’abord, parce que l’"arrangement" avec l’accusation ne serait sans doute pas assez avantageux. Parallèlement, Dominique Strauss-Kahn ne cesse depuis l’éclatement de l’affaire de clamer son innocence, ses avocats se disant "certains" de sa relaxe.
Si Dominique Strauss-Kahn choisit de plaider non coupable, cela ouvre la voie à un véritable procès avec une procédure longue et compliquée. Le combat judiciaire s’engage alors entre les deux parties. Rappelons qu’en cas d’un procès, comme cela semble se dessiner, DSK risque jusqu’à 74 ans de prison.
Après avoir énoncé le choix fait par la défense, les avocats exposeront leurs principaux arguments, visant à blanchir leur client. Selon Linda Fairstein, ancienne patronne de la Sex Crimes Unit de NY, interrogée par le JDD, la décrédibilisation de la parole de la plaignante constitue une des pierres angulaires de la stratégie de la défense. Dans ce but, depuis plus de 10 jours, les meilleurs détectives privés américains ont fouillé le passé de la femme de chambre dans les moindres détails. Dans un deuxième temps, les avocats de DSK vont certainement tenter de convaincre la cour que la relation sexuelle était consentie et que la femme de chambre a agi pour de l’argent. Enfin, des vices dans la procédure peuvent être soulevés par la défense.
Le 14 mai dernier, la vie de DSK a basculé. Une femme de chambre de l’hôtel Sofitel où il résidait à New-York a porté plainte contre lui pour "agression sexuelle". DSK aurait tenté d’abuser d’elle lorsqu’elle serait venue nettoyer la chambre, essayant par la force d’obtenir ses faveurs sexuelles. Arrêté par la police alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour Paris, ce moment a marqué le début de la chute vertigineuse de DSK. Au coeur d’un scandale relayé par les médias du monde entier, les rumeurs et "révélations" n’ont cessé d’alimenter la descente aux enfers de celui, qui il n’y a pas si longtemps, était encore le favori des sondages à l’élection présidentielle. Depuis l’obtention de sa liberté sous caution, DSK loge dans une résidence extrêmement surveillée au coeur de Manhattan et se prépare à l’audience de ce lundi.