Le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a livré ses impressions sur les adversaires de la gauche à l’élection présidentielle qu’est le représentant de la droite François Fillon et la présidente du Front national Marine Le Pen. Il se dit notamment interloqué par le doute sur l’indépendance de la justice formulé par les deux candidats.
Selon le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, qui a donné une interview exclusive au Journal du dimanche 26 février, la justice se retrouve parfois au centre du débat pour l’élection présidentielle. Il préfèrerait cependant qu’elle soit un sujet de débat plutôt que d’une polémique. Le Garde des Sceaux affirme se battre depuis plus d’un an à la replacer dans le débat public "afin que chacun prenne conscience des moyens dont elle a impérialement besoin".
Jean-Jacques Urvos a répondu au représentant de la droite François Fillon et à la présidente du Front national Marine Le Pen, tous deux dans la course à l’Elysée, qui accusent la justice française de violer le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. D’après lui, ces critiques traduisent soit une "totale méconnaissance du fonctionnement de l’institution judiciaire, soit une absolue de mauvaise foi". Il s’est dit notamment consterné par la confusion que ces deux candidats entretiennent sur l’indépendance du parquet.
Jean-Jacques Urvoas distingue le droit de la pratique. Selon ses explications, le premier consiste notamment à la nomination par le gouvernement d’un procureur après consultation du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). La seconde, c’est le respect par le Garde des Sceaux de cet avis du CSM. "Ainsi s’il n’est pas favorable, il ne sera pas nommé", a rappelé le ministre.
Jean-Jacques Urvoas a aussi rappelé que depuis 2013, la loi interdit au Garde des Sceaux de formuler des instructions individuelles. "Quand bien même j’en aurais la tentation, ce qui n’est pas le cas, je n’en n’aurais pas la faculté !", a-t-il fait remarquer. "Imaginer aujourd’hui que des instructions aient pu être ordonnées sur François Fillon ou Marine Le Pen est tout simplement absurde parce qu’illégal", a également fait valoir le ministre.
Au sujet de Marine Le Pen, qui refuse de se rendre aux convocations de la justice, Jean-Jacques Urvoas signale un "message déplorable". Pour lui, la candidate du Front national à l’élection présidentielle "tourne le dos au droit". "Il n’y a pas une justice pour les anonymes et une justice pour les gens célèbres ! Pour un citoyen ordinaire, un tel comportement autoriserait le parquet à délivrer un ordre de comparution forcée", a-t-il prévenu.
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