Benoît Hamon et Manuel Valls, finalistes de la primaire à gauche, ont affiché leurs profondes divergences, mercredi 25 janvier lors du débat télévisé d’entre-deux-tours.
Revenu universel, temps de travail, déficit, port du voile, état d’urgence... Benoît Hamon et Manuel Valls se sont affrontés mercredi sur TF1 et France 2, pour l’ultime débat de la primaire à gauche. Une confrontation courtoise qui a permis de souligner les désaccords de fond.
Manuel Valls et Benoît Hamon ont chacun défendu leur vision de la gauche, sur le travail et la laïcité notamment, mais sans tomber dans les excès qui avaient caractérisé leurs échanges ces derniers jours. Benoît Hamon a d’ailleurs commencé son élocution en adressant des pics à ses ses adversaires de la "droite totale" de François Fillon et son "projet de régression sociale". Il a également fustigé Marine Le Pen pour son "projet nationaliste et xénophobe". "Si la gauche ne veut pas jouer le rôle de figurant, elle doit tourner le dos à l’ordre ancien", ajoute le député des Yvelines. De son côté, Manuel Valls a commencé par se féliciter de débattre avec son camarade socialiste, "pour qui j’ai du respect et de l’amitié". "Nous partageons des valeurs et des combats communs, mais aujourd’hui, c’est un vrai choix qui est proposé aux Français. Je crois que la gauche est toujours utile aux français". Il entend ainsi "porter une société du travail" et "un nouveau modèle de solidarité".
C’est l’un des points de divergences le plus attendu de ce débat. Manuel Valls y est opposé. "Je pense que nous devons faire preuve d’imagination et je ne reprocherai jamais à Benoît Hamon de réfléchir, d’ouvrir des champs. Depuis plusieurs mois, j’y réfléchis aussi", précise-t-il. Mais lui préfère proposer un "revenu décent", fusion des minima sociaux qui déboucherait sur une allocation de 800 euros mensuels sous condition de ressources. "Avec le revenu universel on renonce à la société du travail, on accepte la société du chômage et on distribue à chacun la même somme", a-t-il renchérit. En face, Benoît Hamon appelle à ne pas avoir "une approche strictement comptable" de l’économie. Selon lui, le revenu universel va rapporter, notamment en permettant aux jeunes et aux plus modestes de consommer plus. "Le revenu universel permet de libérer 600 000 emplois occupés par des étudiants", souligne-t-il.
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Au cours de ce débat décisif d’entre-deux tours, Manuel Valls et Benoît Hamon ont été appelés à se positionner par rapport aux deux futur rivaux du vainqueur, à savoir Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Benoît Hamon a commencé par estimer que sur les questions de révolution numérique il se sentait "plus proche d’Emmanuel Macron" tandis que "sur la transition écologique il a des points d’accord avec Jean-Luc Mélenchon". S’il avait à choisir, Benoît Hamon a expliqué : "Je suis de gauche, et Jean-Luc Mélenchon est de gauche. Emmanuel Macron se dit ni de droite ni de gauche. La gauche commence avec ceux qui se disent de gauche". Répondant à la même question, Manuel Valls s’est, lui, dit du côté des "progressistes, de Benoît Hamon à Emmanuel Macron".
D’une manière générale, le débat s’est déroulé sans accroc majeur jusqu’à la fin avec un rappel à l’ordre de l’ex-premier ministre à son ancien ministre de l’Education : "Il faut respecter les règles". Benoît Hamon se crispe : "Respecter les règles, c’est commencer par respecter les programmes sur lesquels on a été élus", a-t-il lâché. Rendez-vous aux urnes pour la gauche dimanche 29 janvier pour départager Manuel Valls et Benoît Hamon dans cette primaire conduit par le Parti socialiste en vue de l’élection présidentielle.