Aquilino Morelle, proche conseiller du chef de l’Etat François Hollande entre 2012 et 2014, dresse un constat d’échec sans concession dans un livre à paraître.
Plus de deux ans après avoir été renvoyé de l’Elysée à la suite des accusations de Médiapart sur une prise illégale d’intérêts avec des laboratoires pharmaceutiques, l’ancien conseiller du chef de l’Etat François Hollande, Aquilino Morelle, s’est confié au Monde. Il publie, mercredi 11 janvier, L’Abdication (édition Grasset), un livre dans lequel il revient sur son expérience du pouvoir.
"La vérité est simple et cruelle : François Hollande ne voulait pas exercer le pouvoir ; il voulait seulement être président de la République", écrit Aquilino Morelle dans son livre. Selon lui, "toutes les qualités de l’homme" pour "conquérir le pouvoir, se sont retournées contre lui, une fois à l’Élysée" : "l’intelligence", "l’habileté", "l’art de la synthèse". A ses yeux, "ce sont les Français, par leur défiance massive, qui ont imposé au président d’abdiquer" et la "rupture d’opinion entre Hollande et les Français s’est produite dès la fin de l’année 2012", notamment après "le choix de la résignation" à l’austérité en Europe.
Aquilino Morelle a été renvoyé du palais présidentielle en avril 2014 après des accusations de prise illégale d’intérêts et l’affaire de ses chaussures cirées. "Bien entendu, je regrette cette faute de comportement, et je m’en explique dans mon livre. Encore faut-il rappeler qu’il s’agit là d’un épisode unique et qui n’a pas coûté un seul euro au contribuable", déclare à ce sujet Aquilino Morelle dans une interview au Monde. "Ce que je regrette surtout, c’est que le président, que j’ai toujours servi loyalement, se soit abaissé à utiliser cette faute pour se débarrasser de moi", ajoute-t-il, voyant en François Hollande "un faux gentil et un vrai méchant". Il estime qu’à l’époque il était "devenu gênant" pour le "coming-out libéral" du Président.
Pour la primaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier, Aquilino Morelle a expliqué soutenir Arnaud Montebourg, "car, comme des millions de Français de gauche, je suis resté fidèle à l’esprit et aux engagements du discours du Bourget". Quant à Emmanuel Macron avec qui il a travaillé à l’Elysée : "Nous verrons bien si ce libéralisme complet et assumé convaincra les Français".