A l’heure de la rentrée politique marquée par la polémique sur le burkini, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve évoque la formation des imams et une loi contre le port du vêtement qui serait inconstitutionnelle et inefficace, selon son analyse.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a abordé des sujets sensibles dans une interview exclusive accordée au quotidien La Croix. Il a notamment réagi après la décision du Conseil d’État sur la suspension d’un arrêté communal interdisant le port du burkini. Pour le ministre, une loi contre cette tenue serait vaine et contreproductive. Il s’est aligné sur l’avis du Premier ministre Manuel Valls qui refuse de légiférer sur une question qui est "de nature à susciter des antagonismes et d’irréparables tensions".
Bernard Cazeneuve a cependant souligné que "les musulmans doivent continuer à s’engager avec nous pour l’égalité hommes-femmes, l’intangibilité des principes républicains, la tolérance qui fait le vivre ensemble". Il a lancé un appel au calme en disant que "la France a plus que jamais besoin d’une relation apaisée avec les musulmans".
"Cela suppose que la République soit déterminée à prendre dans ses bras tous ses enfants. Cela suppose aussi que tous les musulmans, avec l’ensemble des Français, s’engagent dans une défense totale de la République face au terrorisme, face au salafisme, car la République est bien leur première appartenance", a ajouté Bernard Cazeneuve.
Pour le ministre, l’opposition jette de l’huile sur le feu avec leurs comportements "dictés par les surenchères liées aux primaires, qui portent en elles la division des Français en les dressant les uns contre les autres", ajoutant que "certains dirigeants de l’opposition font beaucoup de bruit".
Jean-Pierre Chevènement a fait savoir qu’il acceptait de prendre la présidence de la Fondation pour l’islam de France. Sa nomination rencontre un certain nombre de critiques, mais Bernard Cazeneuve s’est prononcé pour. Il a rappelé que la fondation œuvre pour la bonne relation entre la République et les musulmans. Pour le ministre, il est logique qu’un grand républicain en prenne la tête au moment de sa création.
Bernard Cazeneuve a également rappelé que la fondation ne pourra pas financer le culte, c’est-à-dire la construction de mosquées ou la formation théologique des imams. Mais que l’instance "aura vocation à soutenir des projets, dans les domaines de l’éducation, de la culture, de l’engagement des jeunes". Elle pourra prendre en charge la formation profane des imams, le développement de la recherche en islamologie.
Bernard Caseneuve a proposé la création de nouveaux départements d’islamologie au sein des universités françaises, avec un très "haut niveau d’exigence scientifique dans les matières profanes, qu’il s’agisse de l’histoire des religions ou de l’étude des courants d’idées s’y rattachant".