Interviewée par Médiapart, l’ancienne ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu critique la ligne adoptée par le gouvernement sur la loi Travail et dénonce un manque de "ligne politique claire".
Trois semaines après son éviction du gouvernement, l’ancienne ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu n’hésite pas à sortir des mots durs pour critiquer le gouvernement.
Le projet El Khomri, une erreur grave
Dans un entretien accordé à Médiapart, Marylise Lebranchu a commencé par l’avant-projet El Khomri, un texte qui va trop loin, "trop c’est trop", a-t-elle indiqué en qualifiant cet épisode comme une erreur grave. Selon l’ancienne ministre de la Fonction publique, de nombreuses choses sont encore à revoir dans cette réforme du code du travail. Il faut "retravailler avec les syndicats et les parlementaires" sur le plafonnement des indemnités aux prud’hommes et l’encadrement des accords d’entreprises, développe-t-elle en évoquant également une confusion entre la qualité de vie au travail et le nombre d’employés.
Un manque de "ligne politique claire"
L’ancienne ministre déplore une perte de repères face aux engagements de l’exécutif au début du quinquennat. Marylise Lebranchu pointe notamment l’arrivée de Manuel Valls au poste de Premier ministre ayant entraîné un recul important. "L’équilibre devait se faire entre Manuel et François Hollande, et le discours du Bourget. (...) Aujourd’hui, il ne se fait plus", a-t-elle constaté en citant un manque de "ligne politique claire". Selon elle, le chef de l’état ne dévoile jamais sa politique comme un tout.
Une hésitation à suivre Christiane Taubira
Également opposée à la déchéance de nationalité, Marylise Lebranchu a confié qu’elle a hésité à suivre Christiane Taubira lorsqu’elle a décidé de quitter le bateau. Sa décision de rester a été motivée par sa peur de fragiliser la majorité. "Je me disais qu’en tant que responsable politique, je ne pouvais ajouter un petit élément à un petit élément de crise", a-t-elle déclaré. L’ancienne ministre a terminé en donnant un conseil au président pour ne pas s’acharner sur ce sujet et l’encourage à arrêter "la réforme constitutionnelle après le Sénat" si la majorité des 3/5e n’y est pas rassemblée.
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