"On ne traite pas le mal en l’expulsant", a déclaré Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, lors d’une conférence de la Fondation France-Israël alors qu’au même moment l’Assemblée nationale s’apprêtait à voter la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité.
Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, était l’invité de la Fondation France-Israël pour une conférence à Paris, présidée par l’ancienne ministre Nicole Guedj. Une conférence qui s’est déroulée le même jour où le débat sur la déchéance de la nationalité battait son plein à l’Assemblée nationale. Les députés ont d’ailleurs voté mardi soir l’article 2 du projet de loi qui inscrit dans la Constitution la déchéance de la nationalité pour les auteurs de crimes et délits terroristes.
Lors de la conférence, le ministre est revenu sur le débat houleux qu’à provoquer la mesure sur la déchéance de la nationalité. "J’ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place que ce débat a pris, parce que je pense qu’on ne traite pas le mal en l’expulsant de la communauté nationale. Le mal est partout. Déchoir de la nationalité est une solution dans un certain cas, et je vais y revenir, mais à la fin des fins, la responsabilité des gouvernants c’est de prévenir et de punir implacablement le mal et les actes terroristes. C’est cela notre devoir dans la communauté nationale", a lancé Emmanuel Macron.
"Je crois qu’on a prêté à ce débat sur la déchéance trop d’importance", a-t-il martelé. Une prise de position qui va à l’encontre de celle défendue par l’exécutif. Des propos qu’il a très vite tempérés : "Ensuite, ce débat sur la déchéance, il faut bien le remettre à sa juste place. On parle de terroristes, c’est-à-dire de cas extrêmes. Et donc il faut penser les situations extrêmes", a avancé le ministre. "De quoi parle-t-on ?", s’est-il interrogé avant de donner lui-même la réponse : "De déchoir de la nationalité des femmes et des hommes qui sont dans des projets terroristes, c’est-à-dire de destruction". "Donc il faut le prendre comme une situation extrême. Ni plus, ni moins. Surtout pas comme un débat sur la binationalité", a-t-il conclu.
Dans la foulée, Emmanuel Macron a également évoqué le remaniement ministériel à venir. Interrogé s’il sera ou non retenu au sein du gouvernement de Manuel Valls, le ministre se veut discret : "Je crois à la verticalité du pouvoir et je crois à la confidentialité de ce qui doit être confidentiel. Et lorsque le président de la République parle à son ministre, ce sont des discussions qui ont vocation à rester privées".
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