Les députés ont entamé la nuit dernière l’examen de l’article 2 de la loi sur la déchéance de nationalité. L’UDI Charles de Courson a évoqué l’histoire de sa famille, la voix enrouée, ému jusqu’aux larmes.
Après avoir voté la constitutionnalisation de l’article 1 sur l’état d’urgence, les députés se sont penchés la nuit dernière sur l’article 2 sur la déchéance de nationalité. Dans un hémicycle à moitié vide, des députés de la majorité et de l’opposition sont montés tour à tour sur la tribune pour dénoncer ce dispositif proposé depuis longtemps par l’extrême droite puis la droite.
Le député UDI Charles de Courson a marqué ses pairs avec son intervention. Il s’est adressé aux élus présents dans l’hémicyle de l’Assemblée nationale en son nom propre et a évoqué l’histoire de sa famille. Il a expliqué pourquoi il n’aurait pas voté la première version du texte proposée par le gouvernement, car elle sous-entendait une différence entre les Français binationaux et les autres.
Mort dans un camp de concentration allemand
"Voter pour ce texte, c’était trahir la mémoire de mon grand-père, député de la Nation, mort à Neuengamme, un camp de concentration allemand, et qui avait voté contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain parce qu’il était contre le sabordage de la République", a déclaré le députe Charles de Courson, la voie remplie d’émotion.
En revanche, l’élu a promis de voter la nouvelle version de l’article 2, car elle qu’elle permet d’appliquer la déchéance de nationalité à tous les Français condamnés pour des crimes et des délits graves en lien avec le terrorisme. "Pendant la Seconde Guerre mondiale, mon père était résistant, a été qualifié de terroriste par l’occupant nazi parce qu’il avait pris les armes. Il avait été qualifié de terroriste non pas par des juridictions indépendantes, mais par l’occupant. Donc, voter l’article 2 dans sa nouvelle rédaction ne trahira pas la mémoire de mon père", a-t-il expliqué.
En effet, la nouvelle version du texte proposée par le gouvernement prévoit que la déchéance de nationalité soit prononcée par l’autorité judiciaire après une condamnation définitive, c’est-à-dire après épuisement de tous les recours, d’un citoyen pour acte ou complicité de terrorisme. Comme de nombreux députés de la gauche, Charles de Courson aurait cependant préféré que le gouvernement privilégie une peine d’indignité nationale qui, selon lui, aurait écarté "la désunion nationale".