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Lors de sa rencontre avec les étudiants de Sciences Po Paris, Manuel Valls est revenu sur le droit de vote des étrangers, promesse non tenue de 2012. Il considère que ce n’est "plus une priorité".
Invité mardi soir lors d’une conférence à Sciences Po Paris, Manuel Valls a enterré le droit de vote des étrangers aux élections locales qui faisait partie des promesses de campagne de François Hollande en 2012. Devant les étudiants, le Premier ministre a estimé que c’est une mauvaise idée et que la mesure ne sera pas non plus reproposée pour la prochaine campagne présidentielle.
Non seulement cette réforme "ne peut pas se faire" faute d’une "majorité qualifiée", mais elle n’est "plus une priorité" car "le vrai sujet" est de "renouer avec la naturalisation", a expliqué Manuel Valls. Selon lui, cette promesse "tend inutilement". "Il y a une citoyenneté française, une citoyenneté européenne. Faisons déjà vivre ces deux citoyennetés plutôt que de courir derrière des totems qui ne sont plus adaptés à la réalité du monde", martèle le Premier ministre.
Quant à l’idée de la soumettre au vote des Français par un référendum, le chef du gouvernement n’y est pas davantage favorable car "on mettrait le pays sous tension sur un sujet qui ne serait pas jugé comme prioritaire. Le non l’emporterait largement car on remettrait l’immigré – à tort – au cœur du débat et des tensions".
Jean-Christophe Cambadélis s’oppose
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a assuré mercredi que le droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections locales était "toujours à l’ordre du jour" du Parti socialiste, même s’il n’est pas "à l’ordre du jour du gouvernement" d’ici 2017.
"Il faut travailler l’opinion", a-t-il estimé. "Obtenir que les étrangers en situation régulière présents sur le sol français depuis plus de dix ans participent aux élections municipales n’est pas attentatoire à la République et est au contraire un moyen de la conforter".
L’opinion publique semble par ailleurs suivre l’idée de Manuel Valls. En décembre 2014, selon un sondage Odoxa pour l’émission d’i-Télé CQFD et Le Parisien-Aujourd’hui en France, 60% des Français étaient opposés à l’extension du droit de vote aux élections municipales aux étrangers non membres de l’Union européenne.