Après la décision de l’Elysée de reporter la livraison des Mistral commandés par la Russie, Moscou se dit patient avant d’engager des poursuites contre la France.
"La situation actuelle dans l’est de l’Ukraine ne permet toujours pas (...) l’exportation" en Russie d’un premier porte-hélicoptères, estime l’Elysée, qui a annoncé mardi le report dans un communiqué. Après de longs mois de négociations, François Hollande a décidé de reporter "jusqu’à nouvel ordre" la livraison du Vladivostok, le premier des deux navires de type Mistral achetés par la Russie, rapporte Le Figaro.
En réponse à cette annonce, la Russie a pour sa part annoncé qu’elle ne va pas "pour l’instant" poursuivre en justice la France mais qu’elle espérait toujours que le contrat serait honoré. Iouri Borissov, vice-ministre russe de la Défense, cité par l’agence publique Ria Novosti, a affirmé : "Nous allons attendre avec patience" la livraison. Mais quelques minutes plus tard, le ton a changé. Ce même responsable militaire se montrait plus menaçant dans une déclaration à l’agence Tass : "le comportement du côté russe était étroitement régi par le contrat signé". En conséquence, si la France "ne livre pas, nous irons en justice et réclamerons des amendes".
Joint par L’Express, un expert du secteur militaro-industriel français assure que, dans le cadre d’un tel contrat, le seul motif de rupture légitime est qu’un embargo international sur les ventes d’armes à destination de la Russie soit décrété. Ce qui n’est pas le cas. En refusant d’honorer le contrat, "la France aurait, en plus du remboursement des sommes versées, d’importantes pénalités à acquitter", précise cet expert.
"En cas de rupture de contrat, nous nous verrons dans l’obligation d’exiger de la France le versement de pénalités qui ne seront pas négligeables", avait déjà prévenu le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Denis Mantourov, dès le mois d’avril 2014. La presse russe évoque des pénalités "de plusieurs milliards", "qui pourraient dépasser le prix des bateaux (ndlr 1,2 milliard d’euros)".