Emmanuel Macron s’exprime pour la première fois depuis le remaniement qui l’a placé au centre des conversations. Le nouveau ministre de l’Economie ne se voit pas comme "un homme politique".
Emmanuel Macron a accordé sa première interview une semaine après sa nomination hier au quotidien régional Ouest-France, à la veille de son déplacement dans La Manche, pour la visite d’une Scop (société coopérative). Accusé d’être trop libérale pour un gouvernement socialiste, l’énarque répond à ses détracteurs. Il réplique "Il n’est pas interdit d’être de gauche et de bon sens : si on ne produit pas, ma grand-mère m’a toujours dit qu’on n’avait pas grand-chose à distribuer".
"Être de gauche, pour moi, c’est en effet être efficace, recréer les conditions pour investir, produire et innover (...), être juste pour que les efforts comme les gains soient équitablement répartis. Être de gauche, c’est être responsable, ce n’est pas prendre une posture, c’est essayer de faire bouger les choses (...) être davantage du côté du risque que de la rente", a-t-il déroulé.
Le nouveau ministre s’est adressé aux entreprises : "Le gouvernement a montré son engagement à travers le CICE, le pacte de responsabilité et de solidarité. J’attends qu’il en soit de même pour les entreprises", a-t-il lancé, avant de souligner : "il y a une polémique sur les dividendes suite au CICE. Je m’impliquerai personnellement pour que les entreprises clarifient ce point".
Il a précisé : "L’entreprise est le cœur de notre économie, c’est elle qui emploie, exporte, innove. Et la scop illustre très bien l’idée que je me fais de l’entreprise : une collectivité humaine qui est aussi la propriété de ceux qui la font. Sur le plan de la fiscalité, les choses ont beaucoup changé en faveur des entreprises. Mais la compétitivité ne se réduit pas aux charges et aux impôts".
Banquier d’affaires puis conseiller à l’Elysée sans jamais avoir été élu, Emmanuel Macron a un profil d’un homme politique atypique, et il l’assume classique : "J’ai 36 ans. J’ai des convictions et je suis aujourd’hui en responsabilité, mais je ne me vois pas comme un homme politique, a expliqué le ministre, avant de glisser : "Je ne sais pas ce que je ferai demain. Ce que je sais simplement, c’est que ma génération aura à rendre des comptes longtemps".