La gauche a sursauté et la droite a applaudi avec la proposition d’Emmanuel Macron de permettre aux entreprises de déroger aux 35 heures. Les syndicats sont plus tempérés, et Harlem Désir dément.
La proposition du nouveau locataire de Bercy, émise avant sa nomination, sème la zizanie à gauche, note Le Figaro aujourd’hui. « Nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations », a-t-il affirmé dans son interview au Point.
La proposition est aux antipodes des dogmes défendus par la majorité, et se retrouve contestée par le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Harlem Désir : « Il n’y a pas de projet de remise en cause des 35 heures », a-t-il clamé aujourd’hui. « Il n’y a aucun projet de cette nature », a tranché l’ex-numéro un du PS qui a ajouté : « Il y a en revanche une volonté de développer la négociation sociale dans les entreprises. La négociation sur la défense de l’emploi, sur l’aménagement du temps de travail, sur les seuils sociaux, mais pas de remettre en cause la durée légale du travail ».
Très remontée, l’aile gauche du PS ne mâche pas ses mots, à l’image de l’eurodéputé PS Emmanuel Maurel qui s’est inquiété de la proposition du ministre de l’Économie : « Rien de ce qui est aujourd’hui annoncé (35 heures, seuils sociaux, travail du dimanche) ne figurait dans le projet PS ou le programme présidentiel. Rien », a-t-il tweeté hier. Le député Pascal Cherki enfonce le clou : « Si ce n’est pas la position du gouvernement, il doit le quitter car il ne peut y avoir deux lignes »
Olivier Besancenot (NPA) s’est insurgé : « On n’a pas un gouvernement, on a une machine à remonter le temps. Tous les acquis sociaux, on va revenir dessus. Monsieur Macron, il a le physique de l’emploi. C’est un énarque, millionnaire, qui a fait ses classes à la banque Rothschild, et pas au guichet ».
L’ancien premier ministre, François Fillon a, quant à lui, estimé qu’assouplir les 35 heures « serait une très bonne nouvelle » et qu’il voterait « sans hésitation » pour une telle décision. « Je le dis depuis 2007, il faut les supprimer. Nous aurions dû le faire, c’est notre erreur », a-t-il ajouté
Du côté des syndicats, le Medef s’est dit « prêt à ouvrir des négociations » pour assouplir les 35 heures, en précisant ne pas vouloir les supprimer. « La France est dans une situation critique », a affirmé Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président de l’organisation. « C’est le seul pays à avoir les 35 heures, le seul où le chômage augmente aussi fortement. La question des 35 heures n’est pas tabou », a-t-il poursuivi.
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT a estimé que la déclaration d’Emmanuel Macron n’était « pas une bonne idée ». « Ce n’est pas à l’ordre du jour. La façon dont c’est lancé : je dis non. Pas dans une interview, comme ça. Qu’il nous laisse négocier avec les entreprises ».